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vent qui souffle horizontalement, en ligne droite, parallèlement à la trajectoire du navire, supposée, elle aussi, horizontale, rectiligne et parcourue d’un mouvement à peu près uniforme.

En vertu du principe de la relativité, pour le pilote, pour le navire (abstraction faite du vent de l’appareil, c’est-à-dire du courant d’air plus ou moins violent que produit le déplacement du navire dans le milieu qui l’environne), le vent horizontal considéré n’existera pas, la masse d’air en mouvement qui produit ce vent ne semblera agir ni sur la machine volante, ni sur son pilote. Leur situation est analogue à celle d’une mouche qui, voletant dans un wagon bien clos, ne peut avoir conscience que du petit courant aérien qu’elle-même crée en se déplaçant, et ne saurait se douter le moins du monde de l’existence du vent plus ou moins rapide qu’engendre la marche du train. Pour s’en rendre compte, il faudrait que l’idée pût venir à la bestiole de regarder à travers les glaces du wagon ; de même, pour juger exactement ce qui se passe, le pilote est forcé de regarder le sol : à cette condition seulement il peut savoir s’il avance, recule ou reste en place.

Supposons que la machine volante, un aéroplane, par exemple, possède une vitesse propre de 25 mètres à la seconde. Supposons que la vitesse de translation de la masse d’air dans laquelle elle baigne soit de 10 mètres à la seconde, et considérons d’abord le cas où le vent est « debout, » c’est-à-dire supposons que le mouvement de cette masse d’air s’opère en sens inverse du mouvement de la machine volante.

Si l’on a bien compris le principe de la relativité, bien saisi ce que nous en avons déjà dit, bien saisi la comparaison de la mouche, il est clair que la vitesse de la machine volante par rapporta la masse d’air qui l’environne, c’est-à-dire sa vitesse propre, sera toujours de 25 mètres, ou, si l’on veut, que le navire aérien avancera sans cesse de 25 mètres par seconde dans le lit du vent. Mais alors la vitesse du navire par rapport au sol, ce qu’on appelle sa vitesse absolue, ne sera, à la seconde, que de 15 mètres, différence entre 2o mètres et 10 mètres. Le pilote, s’il regarde le sol, constatera facilement qu’il en est ainsi, en conclura qu’il a vent debout et pourra même, si la vitesse propre de son appareil lui est donnée par un anémomètre installé sur le navire (la vitesse du vent de l’appareil étant, de toute évidence, égale à la vitesse propre), se faire une idée de la