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se trouver ? Et elle nous répond : le navire aérien, une fois dans l’air, se trouve dans les mêmes conditions qu’un sous-marin, qu’un poisson au milieu de l’eau ; les conditions d’équilibre de sa marche ne dépendent que du mouvement relatif qu’il possède par rapport à la masse d’air qui l’environne et que de l’état de cette masse. Grand principe, dit principe de la relativité, que les marins ont, de tout temps, admirablement appliqué, sans se soucier de le formuler, sans se douter le moins du monde et de son ampleur et de sa fécondité.

De ces deux qualités, ampleur et fécondité, les pages qui suivent en fourniront des exemples et, s’ils ne suffisaient pas à contenter la curiosité de nos lecteurs, nous ne saurions mieux faire que de les renvoyer au joli petit volume de M. Ed. Guillaume intitulé l’Initiation à la Mécanique. En tout cas, le premier, l’immense service rendu par ce principe à l’Aéronautique a été de lui permettre d’établir sur des bases indiscutables ce théorème fondamental (passé, lui aussi, maintenant que la démonstration expérimentale en a été surabondamment faite, à l’état de principe, d’axiome), qu’un navire aérien, dirigeable, aéroplane, etc., n’est en état de naviguer, c’est-à-dire de décrire une trajectoire absolument quelconque et revenir à son point de départ, que si le moteur qui lui est attaché est toujours en état de lui imprimer une vitesse propre supérieure à celle du vent. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que nous parlons ici de ce théorème : ceux qui nous font l’honneur de nous lire doivent s’en souvenir. Peut-être même se rappellent-ils qu’on entend par vitesse propre d’un aéronef sa vitesse, par rapport au sol, dans une atmosphère rigoureusement calme, et que cette vitesse, justement en vertu du principe de la relativité, n’est autre que celle qu’il possède par rapport à la masse d’air ambiante, que celle-ci soit animée ou non d’un mouvement de translation.

Ces préliminaires posés, arrivons à notre sujet. Il peut, en définitive, se ramener à l’examen de la question suivante : quelle est l’allure que prendra un navire aérien, de nature quelconque, lorsque ce navire se trouvera soumis à l’action d’un vent quelconque, c’est-à-dire à l’action d’une immense masse d’air animée, dans tout son ensemble, d’un mouvement de translation à peu près rectiligne et régulier ?

Occupons-nous d’abord du cas le plus simple, celui d’un