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même année, un second emprunt des tabacs de 30 millions de livres 4 et demi était émis au même cours que le premier. Enfin, en novembre 1905, peu de temps après la signature du traité de paix de Portsmouth, la maison de Rothschild frères offrait au public français la moitié d’un emprunt japonais 4 pour 100 de 50 millions de livres sterling, à un prix voisin de 90. Ce taux d’émission avait été, à peu de mois d’intervalle, le même, à une fraction près, pour des fonds 6, 4 et demi, puis 4 pour 100 : il mesure le chemin parcouru par le crédit japonais en cette rapide étape. Le vainqueur sortait de la guerre appauvri de l’argent dépensé, mais avec un crédit singulièrement amélioré, puisque son 4 pour 100, coté 76 le jour de Port-Arthur, s’émettait à 90 par les soins de la première maison de banque du monde. A l’heure où nous écrivons, il se négocie à 95 sur le marché de Paris.

Si nous nous livrons au même examen pour la Russie, nous voyons qu’elle avait, au mois de mai 1904, émis pour 800 millions de francs de bons 5 pour 100 remboursables en 1909 : elle les céda à un groupe de banques et de banquiers à un cours qui représentait pour elle une charge d’environ 6 pour 100. Un peu plus tard, en janvier 1905, elle procéda à une émission d’autres bons sur les marchés allemands au taux nominal de 4 1/2 ; mais comme ils étaient remboursables au-dessus du prix d’émission dès 1911, ils coûtaient au Trésor près de 7 p. 100. Elle émit à Saint-Pétersbourg des bons du Trésor et aussi 200 millions de rente intérieure 5 pour 100. Enfin, pour liquider les dépenses de la guerre, elle mit en souscription, sur la plupart des grandes places européennes, le 26 avril 1906, un emprunt 5 pour 100 de 2 milliards et quai-t de francs au cours de 88, c’est-à-dire meilleur marché que l’emprunt japonais 4 pour 100, émis 5 mois auparavant. À ce moment, la différence de capitalisation des rentes russes et japonaises était donc de plus de 1 pour 100, en faveur des secondes.

Tel était le résultat de la guerre, des défaites de Port-Arthur, de Moukden et de Tsoushima. Le crédit russe avait subi la rude atteinte de désastres répétés, et il y avait entre le sien et celui du vainqueur à peu près le même écart que celui qui les séparait à la veille de la lutte, mais en sens inverse. Depuis lors, cet écart a disparu ; la puissance moscovite s’est ressaisie et ses fonds sont aujourd’hui au niveau des rentes niponnes : au mois