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incontestable : les Etats-Unis et l’Allemagne sont absorbés à l’intérieur par le développement d’industries qui marchent à pas de géans. Il n’est pas sans intérêt de jeter un coup d’œil sur d’autres pays, dont l’influence économique s’étend au delà de leurs frontières, mais d’une façon quelque peu différente des quatre premiers. L’Italie et la Grèce, qui n’ont pas de portefeuille étranger pour des sommes importantes, exportent un capital précieux entre tous, leurs ouvriers, qui vont travailler au loin et envoient une partie de leurs salaires à leurs familles restées dans la mère patrie. Pour l’Italie seule, on évalue à plus d’un demi-milliard de francs le total annuel des sommes ainsi épargnées par les travailleurs temporairement émigrés : elles ont sur la situation économique du pays, sur le cours des changes, le même effet qu’exerceraient les coupons de valeurs mobilières étrangères qui auraient été acquises par des habitans de la péninsule et dont les revenus reviendraient en Italie sous forme d’or ou de toute autre remise. Seulement, cette rentrée est moins régulière que celle de la rente attachée à des obligations, et les causes qui modifient les migrations des travailleurs peuvent diminuer, augmenter ou supprimer cette source de richesse, plus variable que celle qui provient de placemens de fonds effectués en valeurs mobilières.

Les Hollandais, les Suisses, les Belges possèdent des quantités notables de titres étrangers. Les premiers, chez qui la banque fut de bonne heure florissante, ont fourni depuis longtemps des capitaux à certains gouvernemens : au commencement du XIXe siècle, ils étaient les principaux bailleurs de fonds de la Russie. Ils ont ensuite pris des intérêts considérables dans les chemins de fer des Etats-Unis, sans compter leurs propres entreprises coloniales. Les bourses d’Amsterdam, de Genève, de Bruxelles, d’Anvers sont ouvertes à de nombreuses valeurs des deux Amériques. La Belgique y ajoute les entreprises congolaises, qui out pris, sous le règne de Léopold II, un si brillant essor.

Ni l’Autriche ni la Hongrie ne comptent au nombre des pays qui ont effectué beaucoup de placemens au dehors. Au contraire, une partie de leurs fonds publics appartiennent à des étrangers, ce qui les met dans une ; position inverse de celle des nations créditrices cl constitue pour elles une faiblesse d’autant plus fâcheuse que leur dette de ce chef est plus forte. En 1905,