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vaste marché de fonds publics. Le krach de 1873 d’abord, ensuite les mesures hostiles à la Bourse qui, sous l’influence des agrariens, prévalurent dans la législation de l’Empire, ralentirent cet essor. Ce qui acheva de l’arrêter, ce fut l’expansion de l’industrie allemande, qui prit une allure de plus en plus rapide, et qui absorba la majeure partie des capitaux disponibles du pays. Les Allemands trouvaient dans les actions indigènes de mines, de charbonnages, de hauts fourneaux, d’aciéries, de fabriques de produits chimiques, de manufactures de tout genre, des occasions constantes de placemens attrayans : ils se détournèrent des rentes étrangères et même de celles de l’Empire et des Etats confédérés, dont les cours ont, depuis lors, baissé dans une proportion telle qu’elles se capitalisent aujourd’hui aux environs de 4, c’est-à-dire à 1 pour 100 de plus que vers la fin du XIXe siècle. Les 3 pour 100 allemand et prussien, qui s’étaient approchés du pair en 1896, sont redescendus, au printemps de 1912, au-dessous de 82. Il était dès lors naturel que le portefeuille étranger de l’Allemagne cessât de s’accroitre dans la même mesure que celui de sa voisine occidentale. Elle n’a pas non plus les mêmes sommes liquides que nous dans les comptes courans et les comptes de chèques des banques, alors que les dépôts de ses caisses d’épargne dépassent la somme considérable de 20 milliards de francs, très supérieure au chiffre correspondant en France.

Ces dépôts des caisses d’épargne, qui sont bien un élément incontestable de la fortune des particuliers titulaires des comptes, constituent, pour l’Etat ou les caisses responsables, un engagement très lourd, et qui, lors d’une crise, donne lieu à de graves préoccupations. Les sommes que les porteurs de livrets pourraient réclamer doivent être tirées de l’intérieur, à moins que certains placemens n’aient été effectués en valeurs étrangères, ce qui ne se produit que rarement et pour des sommes en général peu importantes. En France, l’avoir des caisses d’épargne, confié à la Caisse des Dépôts et Consignations, est presque entièrement représenté par des rentes 3 pour 100, tandis qu’en Allemagne il était, à la fin de 1908, employé à raison de :

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39,13 pour 100 en hypothèques urbaines,
20,76 pour 100 — rurales,
23,85 pour 100 en valeurs mobilières (dont 10,25 p. 100 en fonds publics)