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pas du côté où Frossard l’avait signalée : aucun corps ennemi ne se présenta a Merlebach ni à Rosbrück.

A 1 h. 25. Frossard annonce à Bazaine que les reconnaissances du matin se sont transformées en un engagement sérieux, tant sur les hauteurs que dans la vallée et dans les bois ; et que c’est une véritable bataille.

Bazaine se montre aussi intelligent, aussi prompt à organiser l’assistance à Frossard qu’il l’avait été à se mettre en état de se défendre lui-même. Il répond à ce second appel : sans perdre un moment, il envoie à Haut-Hombourg l’ordre à la brigade Juniac de marcher sur Forbach, et quoique Montaudon vienne de lui télégraphier que l’avant-garde de la brigade Lapasset, en route sur Bitche, avait été rejetée sur Sarreguemines par des uhlans, il lui ordonne de laisser la garde de Sarreguemines aux troupes du général Lapasset, de marcher avec toute sa division, sans ses impedimenta, sur Grosbliederstroff et de se mettre à la disposition de Frossard. Il était impossible de donner un ordre plus formel et qui signifie mieux : allez vite. Cette prévoyante assistance ordonnée, il n’avait plus qu’à attendre, l’œil bien ouvert, le développement ultérieur de l’action dont Frossard venait de lui apprendre le début.


III

Cette fois, Frossard ne s’était pas trompé ; c’était une bataille. Depuis midi, Kameke déroulait insensiblement sa double attaque parallèle, l’une contre Spicheren sur la hauteur., l’autre contre Stiring, dans la vallée. Des deux côtés, il procédait de même, et faisait coïncider un mouvement de flanc avec une attaque de front. Des deux côtés, Laveaucoupet sur l’Eperon et Verger dans la vallée, bientôt soutenu par une portion de la division Bataille, arrêtent, puis repoussent les mouvemens de flanc et les mouvemens tournans de Kameke. Sur l’Eperon, le général François est tué ; dans la vallée, le général Woyna n’obtient que des avantages sans importance. Vers trois heures, la situation de Kameke est des plus exposées : il se déployait sur une ligne mince de 5 600 mètres, des Vieilles Houillères jusqu’au Pfaffenwald, repoussé dans sa tentative sur le Gifertwald et l’Eperon, et ne pouvant progresser vers Stiting.