Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réserve prête à se porter vers l’une ou l’autre division. Il transporta son quartier général en avant, un peu à droite de Forbach, gardant autour de lui ce qui n’avait pas été détaché de la division de cavalerie et ses quatre batteries de 4 de la réserve. Deux batteries de 12 furent reportées en arrière à Morsbach, et des grand’gardes de chasseurs à cheval furent disposées en avant du front. Ces marches s’opérèrent sous une pluie persistante, au milieu d’une extrême fatigue. La division Bataille ne parvint sur sa position d’Œting que dans la matinée du 6.

En prenant ces dispositions, Frossard méconnaissait formellement les ordres qu’il avait reçus le matin et qu’aucun contre-ordre n’avait modifiés. Il transportait bien son quartier général à Forbach, ce qu’on lui avait permis, mais il ne concentrait pas ses divisions autour de lui de manière à se replier sur Saint-Avold, ce qu’on lui avait prescrit ; et il reportait une partie de son corps sur le plateau, ce qu’on lui avait interdit.

Son initiative n’était pas heureuse. Puisqu’il prenait sur lui de ne pas se tenir autour de Forbach, il aurait dû revenir entièrement sur le plateau. Se diviser ainsi en deux, une partie en haut, une partie en bas, offrait de graves inconvéniens ; choisir un front coupé en deux par des pentes abruptes rendait difficile, sinon impossible, l’unité du commandement et de l’action aussi bien que le déploiement combiné des troupes, condamnait à l’incohérence et au décousu, et plaçait les deux fractions, disjointes par des obstacles naturels, dans une situation désavantageuse. Sur le plateau comme dans la vallée, la position dans laquelle le 2e corps allait s’établir défensivement était bordée de bois dont il eût été nécessaire d’occuper les lisières afin de commander le terrain en avant et d’empêcher l’ennemi de s’y glisser pour nous décimer. Concentré en entier dans la vallée ou sur le plateau, le 2e corps eût pu facilement remplir cette condition d’une sérieuse défensive ; il ne pouvait y satisfaire à la fois sur le plateau et dans la vallée.

Frossard a reconnu que son corps d’armée eût été mieux placé pour recevoir l’attaque, s’il l’avait établi tout entier sur les plateaux en arrière de Spicheren. « En effet, il y trouvait un terrain libre, favorable à l’action des feux, praticable aux trois armes, des points d’appui d’infanterie, des cheminemens pour