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Je retrouve encore sur mes fiches, chère Françoise, l’indication d’un dernier déchet pour la nouvelle couvée : « l’absence de culture. » J’ai rédigé cette fiche après la séance de la bibliothèque. Elle est trop sévère et, en somme, injuste dans sa brièveté. J’aurais dû noter : faible culture chez les garçons, supériorité incontestable des filles ; agacement des garçons à le constater ; espoir que cet agacement provoquera l’émulation et que la culture des deux sexes y gagnera… Toutefois, la bonne volonté de la nouvelle couvée n’y suffirait pas : il importe surtout que les éducateurs secouent leur paresse, et y mettent du leur. Je ne reviendrai pas là-dessus, ma chère nièce, j’y ai insisté à satiété au cours de ces lettres, et nous savons parfaitement comment nous dirigerons la culture intellectuelle commune de Pierre et de Simone : culture identique jusqu’à seize ans, car nous ne nous reconnaissons pas le droit d’empêcher Simone d’être un jour, si cela lui plait, avocat, médecin, ou professeur au Collège de France… Pierre et Simone n’ont que huit ans ; mais les méthodes que nous leur appliquons aujourd’hui sont valables pour toute la durée de leur culture… Quand ils atteindront quinze ou seize ans, vous irez chercher dans votre bibliothèque, ma chère nièce, les premières « Lettres à Françoise, » celles que je vous écrivais lorsque vous étiez élève à l’Institut Berquin : et nous y retrouverons un programme de culture secondaire, et des disciplines pour la jeunesse de l’esprit, sur quoi nos idées n’ont pas varié.

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Les premières « Lettres à Françoise !… » leur souvenir surgit tout naturellement à la fin de celles-ci, chère Françoise maman, — puisque me voilà au terme de la tâche que vous m’aviez assignée[1]. Vous épinglerez mes lettres d’Ambleuse au bout de la correspondance que je vous ai adressée, les mois précédens, sur l’éducation des plus jeunes enfans : elles en sont le complément, et cette brève étude sur la nouvelle couvée vous

  1. Les premières Lettres à Françoise ont paru en 1900. Elles ont été suivies, en 1906, des Lettres à Françoise mariée. — Les six lettres publiées ici formeront le dernier tiers d’un troisième volume, les Lettres à Françoise maman, qui paraîtra cette année.