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nous eussions finalement réussi à nous mettre d’accord avec l’Allemagne et que nous fussions moins heureux avec l’Espagne. En tout cas nous ne pouons pas attendre davantage pour faire accepter et consacrer notre protectorat par le Sultan et nous ne pouvons pas maintenant attendre davantage pour l’organiser. Nous avons réservé les droits de l’Espagne dont nous devons faire l’objet d’une entente entre elle et nous. Cette entente aura lieu, car elle est nécessaire, mais l’ensemble de notre situation au Maroc ne peut pas y être subordonné, ni rester plus longtemps en suspens.

M. Poincaré a dit un jour que nos négociations avec l’Espagne se poursuivaient de la manière la plus amicale. Nous en sommes convaincu. Ces négociations sont difficiles parce que la matière à régler l’est elle-même, il faut le reconnaître, et parce que les Espagnols sont toujours très fermes et quelquefois un peu subtils dans la défense de leurs droits. Mais ils sont trop intelligens pour ne pas sentir que leurs intérêts au Maroc sont solidaires des nôtres. Quant à nous, nous les avons toujours regardés comme des collaborateurs indispensables. Si notre histoire, en nous créant des intérêts particuliers au Maroc, nous y a donné des droits politiques, la leur leur en a donné aussi, et nous avons toujours entendu les respecter. Notre action commune a été heureuse pour eux et pour nous à Algésiras ; elle le sera au Maroc, à la condition d’y rester distincte, bien qu’elle tende au même but. L’opinion française en éprouvera une plus grande satisfaction lorsque notre accord avec l’Espagne, après avoir resserré de vieux liens, en aura créé de nouveaux entre les deux pays.


« La grève anglaise est finie, mais on ne peut pas dire qu’elle soit bien finie et que l’avenir, désormais, se présente sous des couleurs riantes. Les grévistes n’ont obtenu qu’une demi-satisfaction, puisqu’ils voulaient non seulement que la loi établit le principe du salaire minimum, mais encore qu’elle en fixât le chiffre. S’ils ont eu gain de cause sur le premier point, ils ne l’ont pas obtenu sur le second. Leur demi-victoire n’en est pas moins, dans l’ordre économique, une révolution que M. Balfour a quahfiée de « colossale, » et dont on ne saurait guère en effet exagérer l’importance. Les optimistes, ceux qui veulent se rassurer à tout prix sur les conséquences du nouveau bill, disent volontiers que ce n’est pas la première fois que le principe du salaire minimum a été introduit dans une loi anglaise et la remarque est juste ; mais elle prouve seulement combien le moindres précédent peut devenir dangereux et, au surplus, il n’y a aucune