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REVUE MUSICALE


THEÂTRE DE L’OPERA-COMIQUE : La Lépreuse, drame lyrique en trois actes ; paroles de M. Henry Bataille, musique de M. Sylvio Lazzari. — CONCERTS COLONNE : Saint François d’Assise, oratorio ; poème de M. Gabriel Nigond, musique de M. Gabriel Pierné. — THEATRE DE L’OPERA : Le Cobzar, drame lyrique en deux actes ; paroles de Mlle Vacaresco et de M. Paul Milliet ; musique de Mme Gabrielle Ferrari.


La question sanitaire prend de l’importance dans le moderne répertoire du théâtre qu’on appelle toujours Opéra-Comique et qui ne l’est plus, depuis longtemps, que de nom. Dans Bérénice, il ne s’agissait guère — et encore, en passant, — que d’une indisposition. Mais les choses ont empiré. La lèpre au moyen âge, en Bretagne ; sa transmissibilité, par l’hérédité ou par le contact ; son traitement, atroce, ou son extinction, par l’isolement et la réclusion perpétuelle ; deux cas déclarés et un autre qui ne peut manquer de se produire ; des malades, et derrière eux, ou plutôt au-dessus d’eux, dominant tout le drame de son ombre funeste, la maladie elle-même, voilà le sujet, les personnages et l’héroïne de l’œuvre de MM. Henry Bataille et Sylvio Lazzari.

Premier acte. La cour d’une ferme, le matin. Des laveuses battent leur linge, en causant de la lèpre, des lépreux et des lépreuses. Parmi celles-ci, les plus renommées, et redoutées, sont la vieille Tilli, qui passe aussi pour sorcière, et sa fille, la belle Aliette, laquelle s’est donné pour mission, pour double mission, d’amour et de mort, de séduire et de contaminer toute la jeunesse de l’endroit. On ne compte plus ses victimes. Pour le moment, elle a jeté son dévolu sur le doux Ervoanik. le fils de Matelinn, le rude fermier, et de la fermière Maria. Ervoanik a résolu d’épouser Aliette, car il l’aime, ne soupçonnant en elle rien d’impur. Épouvantés, ses père et mère ont beau l’avertir, le