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français Virgile ou Théocrite, il ne suffit pas de les comprendre. »


Vous supposez sans doute, ma chère Françoise, que les piquantes tennisseuses et les fringans joueurs de foot-ball qui m’écoutaient commençaient à trouver l’homélie un peu longue ? Détrompez-vous. D’abord, ce ne fut pas une homélie, je ne vous donne ici qu’un sommaire glacé : imaginez les interruptions, les protestations, les approbations qui lui firent un vivant accompagnement… Et puis, cela les intéressait, malgré le sujet sérieux, — parce que ce n’était pas un enseignement en l’air, qu’ils étaient encore tout chauds de leur examen manqué, et que les paroles que je prononçais, au lieu de se présenter comme une dissertation académique, commentaient un fait récent, un fait qui les touchait. Le secret de l’enseignement pratique est là

Ils en voulurent davantage ; ils voulurent des idées sur l’enseignement de l’histoire, de la géographie, des sciences mathématiques et physiques. Je ne vous répéterai pas ce que je leur répondis : vous connaissez mes doctrines ; Françoise les a entendues, jeune fille, et je vous les redisais encore dans mon avant-dernière lettre à propos de Simone et de Pierre.


En même temps que ma petite conférence, la pluie eut l’ironique gentillesse de cesser. Un rayon de soleil un peu jaune, bien automnal, vint dorer les reliures fauves des vieux livres. Je donnai congé à toute ma volière, qui s’échappa vers les parcs pour y chercher des cèpes.

Seul, Georges resta auprès de moi :

— Monsieur, me dit-il, abuserais-je de votre complaisance en vous demandant quelques instans de conversation ?

Nous montâmes ensemble dans mon appartement. Je vous conterai la prochaine fois ce que Georges avait à me dire.


MARCEL PREVOST.