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STÉPHANIE, 801

passé. Rien ne sera changé aux projets de séjour... Muvelin s’extrait péniblement du sol’ ; i, et. en silence, va baiser aussi la main de Thérèse, qui se rejette, ensuile, dans les bras d’Emilie. Notre famille se réconcilie.

Félix me remercie à son tour. Il est jovial déjà. Il arbore la mine du logicien triomphant, donc impunissable. J’oppose alors mes restrictions :

— Ecoule ; je rachète tes billets à l’antiquaire, mais je les garde. Je te préviens. Cela me donne barre sur toi. Donc tâche de marcher droit à l’avenir.

— Oh ! des billets de moi ! Ça ne vaut pas grand’chose, tu sais bien, mon oncle ; mais tu nie retiendras cela sur ma part d’héritage.

Il y a dans la vie des hasards. Me rappelant l’escompte de ma mort, ce mot d’héritage et le ton sur lequel il fut prononcé, m’irritent tout à coup jusqu’au délire. J’ai envie de me ruer contre ce gamin, d’étrangler ce cou maigre sous la petite barbe en pointe... C’est comme un réilexe animal de défense. Au même moment, Huvelin ricane :

— Ils sont charmans ! Ils anticipent sur nos funérailles ! Une force vibre en mon être, m’étourdit, me domine. Toute

haine et toute vengeance, c’est une volupté intense que d’annoncer :

— Eh bien ! s’ils calculent sur les miennes de funérailles, ils ont tort. Je crois bien que j’aurai d’autres légataires ;...pmais oui.

— Tu te marieras avec Stéphanie ?... raille Félix d’une manière fort outrageante.

Aussitôt je riposte :

— xvec M"" Clermont... El la cérémonie aura lieu bientôt, je pense.

C’en est fait. J’épouse ma petite Stéphanie. l*lmilie se tourne vers son neveu. Les mains tendues, elle le confronte avec une évidence qui résulte de tant de bêtises :

— Tu vois, Félix !... Je te l’avais bien dit !

Paul Adam. La troisième partie au prochain numéro.)

TOME VIU. — 1912. 51