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contraire accorde cette fois une coopération immédiate. Il accroît le nombre des bouches à feu en position sur le plateau de Gunstett de 24 à 72 ; il ordonne au général Schkopp (XIe-IVe brigade) de se porter en réserve derrière Gunstett. Schkopp fait mieux que de se porter sur Gunstett. Il a une idée lumineuse qui va changer de fond en comble l’allure du combat : il se rend compte que toutes les attaques auxquelles jusque-là on s’est borné contre la position de Mac Mahon, fussent-elles renforcées, resteront impuissantes comme elles ont été jusqu’à présent, tant qu’on ne l’abordera qu’en face. En débordant la droite française par un mouvement enveloppant, tandis que Kirchbach contiendra le centre, on fera tomber la résistance que jusque-là on n’a pu briser. De sa propre initiative, il décide d’entamer cette manœuvre, et il envoie un seul de ses régimens à Gunstett ; avec l’autre il ébauche le mouvement enveloppant.

Bose, quoique blessé sur les hauteurs de Gunstett, survient. Schkopp lui explique sa manœuvre. Bose, frappé de sa justesse, la rend sienne et prend rapidement ses dispositions. Jusque-là, le XIe corps n’avait attaqué nos troupes que de front, par Spachbach et Gunstett ; désormais, il va nous assaillir par trois côtés à la fois : par Spachbach, il abordera la partie orientale du Niederwald ; par le moulin de Gunstett, il atteindra le Lansberg et la ferme de l’Albrechlshauserhof ; par Dürrenbach, il s’emparera de Morsbronn et il atteindra le Niederwald.

Et voilà encore, entamée par une initiative à laquelle le commandement en chef est étranger, la manœuvre qui va décider d’une journée commencée par l’initiative de Kirchbach.


IV

Pour bien comprendre cette seconde partie du combat, qui décida de l’événement, figurez-vous, s’élevant du Sud au Nord, le long de la Sauer et de la route de Haguenau, se présentant de flanc au XIe corps, dominées par le canon de Gunstett, les positions suivantes échelonnées en quelque sorte les unes sur les autres. Au bas, Morsbronn ; au-dessus, un plateau découvert, puis, sur la même ligne, le Lansberg allant finir dans la vallée de la Sauer ; à l’Ouest, Eberbach et son ruisseau ; au-dessus du Lansberg et d’Eberbach, le Niederwald ; au Nord du