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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




L’incident le plus important de la quinzaine est sans doute le discours que M. Winston Churchill a prononcé à la Chambre des Communes au sujet des armemens navals. Les déclarations du ministre de la marine anglaise, aussi bien que le ton et l’accent qu’il leur a donnés, montrent que les résolutions de l’Angleterre, en ce qui concerne sa puissance maritime, restent aussi fermes qu’elles l’ont jamais été. Pendant la récente visite que lord Haldane a faite à Berlin, M. Churchill s’était déjà expliqué une première fois, à Glascow, sur la question des armemens, et on avait jugé alors que son discours, aux formes un peu tranchantes, n’était pas de nature à faciliter l’action conciliante de son collègue. Le nouveau discours ressemble à l’ancien, avec la différence que les conclusions en sont plus précises. Pour M. Churchill, les négociations sont inutiles ; il est plus simple de procéder par des résolutions unilatérales. A quoi bon négocier ? dit-il. Le parti de l’Angleterre est pris : elle proportionnera ses armemens à ceux de l’Allemagne suivant un barème qu’elle s’est fixé à elle-même. Si l’Allemagne, par exemple, durant les six prochaines années, met en chantier successivement : 3,2, 3,2, 3,2 unités, l’Angleterre en mettra, 5,4, 5,4, 5,4. Si 1 Allemagne préfère réduire ses armemens, l’Angleterre réduira les siens et tout le monde y gagnera. Pour tout cela, point n’est besoin d’une entente : une notification suffit et elle est faite.

Tel est le sens général du discours de M. Winston Churchill ; mais ce ne serait pas en donner une idée complète que de ne pas indiquer quelques-uns de ses développemens. Le ministre anglais a rappelé la vieille règle d’après laquelle la flotte britannique devait toujours être à même de faire face à la coalition de deux autres : c’est ce qu’on appelait le principe du double pavillon. Les flottes les plus