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avec dévouement et activité de l’établissement de ses enfans et notamment de celui du prince Léopold avec une fille du Tsar, dont il avait été déjà question ; ce à quoi Gallo répondait qu’il n’en avait plus les moyens puisqu’on avait détruit son influence.

Parti de Saint-Pétersbourg, le 19 novembre, il s’arrêta à Mitau pour y saluer Louis XVIII, qui l’invita à dîner et l’entretint de son dessein de demander au roi des Deux-Siciles la main de l’une de ses filles pour le duc de Berry. À la fin de décembre, il était à Berlin d’où, après un assez long séjour, il gagna Vienne.

Durant ce voyage, il continuait à correspondre avec la cour de Naples et si, dans ses lettres, on ne trouve pas trace de rancune, il ne cesse d’y saisir toutes les occasions de répéter qu’il n’a rien à se reprocher et de se plaindre « d’avoir été mis en holocauste. » C’était la vérité. Aussi peut-on s’étonner que la douleur qu’il ressentait se soit toujours exprimée sous des formes respectueuses et qu’en sortant, il n’ait pas fait claquer les portes. Mais il appartenait à cette race de vieux serviteurs dont le dévouement restait au-dessus des pires déconvenues et ne se lassait jamais.

La retraite qu’il avait demandée ne lui fut pas accordée et ses services ayant été jugés toujours nécessaires, il consentit à les continuer. La cour de Naples les utilisait encore en 1806 et il ne dépendit pas de lui que la dynastie napolitaine détruite par Napoléon à cette époque ne fût sauvée. Trompé par sa cour tandis qu’il négociait avec Napoléon, ainsi qu’il l’avait été pendant qu’il négociait avec Paul Ier le marquis de Gallo passa au service de Murat, considérant qu’il y trouverait encore, comme lorsqu’il était au service des Bourbons, les moyens de servir sa patrie.


ERNEST DAUDET.