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sous les auspices de Votre Majesté Impériale ; mais, si des idées jetées par le marquis de Gallo sur des démembremens pouvaient exister auprès d’Elle ou qu’on y voulût les faire articuler et anticiper sous mon nom, je déclare être disposé à les rejeter et désapprouver dans les formes convenantes. »

Après s’être attardé dans ses impudens mensonges, le Roi annonçait au Tsar qu’il désignait le duc de Serra-Capriola pour le représenter dans le prochain Congrès. Quant au marquis de Gallo, si ses connaissances particulières et son expérience paraissaient au Tsar bonnes à utiliser, il resterait à Saint-Pétersbourg. Dans le cas contraire, un autre ministre était prêt à le remplacer. Ainsi Gallo était sacrifié par le souverain dont il n’avait fait que suivre les inspirations, seconder les projets et qui avait approuvé tous ses actes. Le procédé était odieux. On l’aggrava en négligeant d’envoyer à l’accusé un double de la lettre adressée au Tsar et dont celle d’Acton ne pouvait faire pressentir la perfidie. Il n’en connut l’existence que lorsque, s’étant présenté chez Rostopchine, il y fut reçu trop froidement pour ne pas en être froissé et même sans les égards auxquels il était accoutumé. Elle fut mise sous ses yeux et il put alors mesurer la valeur morale des souverains qu’il servait.

Ce que furent ses protestations, on peut le deviner en parcourant les lettres qu’il écrivit au roi Ferdinand à la suite de ce pénible incident. « La lettre que Votre Majesté a cru, dans sa justice, devoir adresser à l’empereur de Russie, tout ce qu’elle contient tendant à noircir mon caractère, ma loyauté, ma conduite, n’a pas laissé de me causer une douleur profonde, une humiliation sans bornes. S’il peut me rester quelque sentiment de consolation, il consiste en ce que je ne crois pas l’avoir méritée, et dans la confiance que m’inspire la justice de Votre Majesté. Tout ce que j’ai dit et écrit est en tout conforme, jusqu’aux tours des phrases, à ce que Vos Majestés ont approuvé et ordonné dans leurs lettres et dans les dépêches du Ministère. Que Votre Majesté daigne parcourir le mémoire que j’ai rédigé sur la question et les autres notes que j’ai présentées dans la suite ; elle y trouvera non seulement les mêmes idées, les mêmes principes, mais encore les mêmes phrases, les mêmes expressions suivant les déclarations que le chevalier Acton me communiqua d’une façon sommaire. »

Il ne fallut rien moins que les affirmations que l’on vient