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— Oh ! sire, s’écria Gallo, je n’entends pas ruser avec Votre Majesté Impériale. Je ne veux que lui exposer en toute abondance de cœur les intérêts de mon maître et avec d’autant plus de franchise que je les crois conformes aux vôtres.

— Vous vouliez prendre Rome, continua l’Empereur.

Gallo n’avoue pas qu’il fut déconcerté par la question de l’Empereur ; mais il dut l’être en voyant ainsi deviner ce qu’étaient les intentions du roi Ferdinand quand il avait entrepris son expédition sur les Etats pontificaux. Néanmoins, il répliqua que le Roi n’avait jamais caressé ce projet ni formé aucune idée précise d’agrandissement, mais qu’il était préoccupé de la nécessité de s’assurer « une frontière militaire bien couverte qui lui faisait actuellement défaut. »

L’Empereur ne contesta pas cette nécessité. Il convint du besoin qu’avait le Roi d’une meilleure frontière et de la possibilité de la former avec la partie des Etats romains, à laquelle le Pape avait été contraint de renoncer. Mais il déclara qu’il importait de le remettre dans la possession du reste de ses Etats, ce qu’on appelait le patrimoine de Saint-Pierre ; « que c’était indispensable pour maintenir le prestige de la religion catholique si utile aux souverains. » Sous cette réserve, il était d’accord avec Gallo pour l’agrandissement du royaume de Naples lorsque les princes dépossédés auraient été réintégrés ou auraient reçu des dédommagemens.

Il laissa encore entendre qu’il n’admettait pas que l’Autriche pût s’agrandir et il reconnut avec Gallo que le roi de Naples seul méritait d’obtenir un degré supérieur de puissance.

— Je m’intéresse à lui, dit-il, et je suis disposé à favoriser ses vues.

La bienveillance dont Gallo recueillait ainsi le témoignage le décida à pousser plus loin ses propositions. Il confia au Tsar, sous le sceau du plus grand secret, qu’il y avait eu des pourparlers entre la cour de Vienne et celle de Naples pour créer en Toscane un établissement au profit du fils cadet du roi Ferdinand et que ce projet, qui avait été abandonné, pourrait être repris en substituant à la Toscane la république de Gênes.

« Je pris sur moi, écrit-il, et je crois fermement que le Roi ne blâmera pas cette liberté, de faire prévoir de loin que ce projet pouvait permettre de nouveaux rapports entre les deux