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confidentielle auprès de l’empereur d’Autriche. Elle avait pour objet d’obtenir de lui qu’il vînt au secours de son beau-père, le roi de Naples, dont l’armée de la République venait d’envahir les Etats à la suite de la désastreuse campagne qu’il avait entreprise pour chasser de Rome les Français qui occupaient cette ville.

Il semble au premier abord qu’une telle mission, confiée à un diplomate pourvu d’expérience et d’habileté autant que l’était le marquis de Gallo, devait être couronnée de succès, surtout si l’on se rappelle que la maison de Naples était liée à la maison d’Autriche non seulement par un traité d’alliance, mais encore par plusieurs unions de famille. La reine Caroline était Autrichienne, née comme la reine de France Marie-Antoinette du mariage de l’empereur François Ier avec l’illustre Marie-Thérèse. Sa fille aînée avait épousé l’archiduc François qui régnait maintenant sous le nom de François II, et sa fille cadette l’archiduc Ferdinand, devenu peu après grand-duc de Toscane. Enfin, l’archiduchesse Marie-Clémentine, fille de Léopold II, était la femme de François de Bourbon, héritier de la couronne des Deux-Siciles. Mais, au-dessus des liens de famille, il y a la raison d’Etat et le marquis de Gallo ne se dissimulait pas qu’à Vienne elle serait opposée à ses sollicitations.

Le roi de Naples en marchant sur Rome avait commis la plus grave des fautes. Non seulement il avait violé spontanément et sans motifs le traité de paix récemment conclu avec la République française, contrariant par ce coup de tête les visées et les calculs de l’Autriche, mais encore il avait négligé de consulter l’Empereur, son gendre et son allié. Or l’alliance qui existait entre eux depuis le 19 mai précédent était purement défensive. La convention stipulait que les alliés ne se devaient aide et secours que si l’un d’eux était attaqué et le roi de Naples n’ignorait pas que, s’il prenait l’offensive, il ne serait pas secouru. L’expédition de Rome constituait donc, en même temps qu’une imprudence, un manquement à la foi des traités.

Ce n’était pas le premier dont l’Autriche eût à se plaindre. Après s’être allié à elle, Ferdinand, sans la prévenir, s’était engagé envers l’Angleterre à confier à la Hotte napolitaine la surveillance et la garde de la Méditerranée. Le gouvernement autrichien s’était offensé de cet arrangement conclu en dehors de lui et il en gardait rancune au roi de Naples. Que serait-ce