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REVUE DRAMATIQUE


GYMNASE : L’Assaut, pièce en trois actes de M. Henry Bernstein. — THEATRE-ANTOINE : Les Petits, pièce en trois actes de M. Népoty.


L’an dernier, à l’issue de la saison dramatique, j’ai cru devoir réclamer ici-même contre la « brutalité » qui semblait devenue la caractéristique de notre théâtre. J’indiquais les dangers que cette tendance faisait courir à l’art lui-même, sachant qu’on a peu de chances de se faire écouter, quand on ne parle qu’au nom de la morale et de la décence. Et, puisque les auteurs déclarent volontiers ne relever que du public, je signalais dans le public une lassitude, un dégoût des spectacles vulgaires et pénibles, un désir d’être moins continuellement humilié par le genre de plaisirs dont le régalaient plusieurs de ses fournisseurs attitrés. Je ne m’étais pas trompé. Un mouvement de réaction commence à se dessiner. Les auteurs ont compris, du moins peut-on l’espérer, qu’ils étaient allés jusqu’à l’extrême limite, c’est-à-dire qu’ils l’avaient dépassée. L’un de ceux dont l’œuvre nous avait fourni quelques-uns de nos plus frappans exemples, M. Henry Bernstein, vient de faire un effort manifeste, non pour changer, mais pour modifier sa manière dans la mesure du possible. L’Assaut témoigne d’intentions, dont la critique a tenu grand compte à l’auteur et dont il n’est que juste de le féliciter très sincèrement.

C’est encore une pièce politique, ou du moins une pièce qui a pour principal personnage un homme politique. Il y a ainsi des courans ou des modes au théâtre. Les écrivains ne se donnent pas le mot ; on les accuse de se copier les uns les autres, mais on a tort ; la vérité est qu’ils subissent une même influence, celle du milieu et du moment. Chez les romantiques on était artiste et bâtard, dans le théâtre de