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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Rarement ministère a été aussi bien accueilli que celui de M. Poincaré. Il le doit à une double cause : au mérite des hommes qui le composent et à la comparaison qui s’est naturellement faite entre eux et leurs prédécesseurs. Les deux derniers ministères en particulier, celui de M. Monis et celui de M. Caillaux, avaient surpris et bientôt inquiété tout le monde par la fantaisie qui semblait y avoir présidé à la distribution des portefeuilles, et à cette surprise du premier jour avait bientôt succédé une inquiétude de plus en plus vive. Un brusque incident a précipité la chute de M. Caillaux, et a provoqué une crise qui semblait difficile à dénouer : elle a pourtant été close presque aussi vite qu’elle s’était ouverte. M. Poincaré a trouvé en quelques heures les concours dont il avait besoin. Aucune des bonnes volontés auxquelles il a fait appel ne lui a manqué et il a pu réunir autour de lui d’anciens présidens du Conseil, d’anciens ministres, quelques hommes nouveaux qui ont déjà fait preuve de talent, enfin une brillante équipe dont la composition a produit, au dehors et au dedans, une impression excellente. On s’est senti aussitôt comme dans une autre atmosphère. Cela est heureux, certes, et opportun, car à peine était-il formé que le nouveau ministère a été soumis à une épreuve imprévue dont nous aurons à parler dans un moment.

M. Poincaré a eu une vue juste de la situation en se chargeant lui-même, dans les circonstances actuelles, du ministère des Affaires étrangères. Quelle que soit, en effet, l’importance de quelques-unes des questions qui sont posées à l’intérieur, les préoccupations principales vont aujourd’hui à l’extérieur, et M. Poincaré n’a voulu laisser à personne autre qu’à lui le soin d’y faire face. Mais il n’y a pas de