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y sera peut-être d’un secours précieux pour ces derniers. Dès aujourd’hui, l’on peut juger ses effets au Canada.

Sous l’effort de la concurrence américaine, les importations d’Angleterre qui, de 1885 à 1890, oscillaient au Canada entre 8 et 9 millions de livres sterling contre 9 millions à 10 millions et demi sterling importés des Etats-Unis, sur un total général de 21 à 23 millions, s’affaissaient peu à peu depuis. En 1896-97, elles tombent à 6 millions de livres contre plus de 12 millions et demi d’importations américaines ; en 1897-98, elles remontent un peu, à 6 700 000 livres ; mais les américaines bondissent au-dessus de 16 millions, tandis que le total général s’élève à près de 27 millions. Ainsi la mère patrie ne fournit plus à sa principale colonie qu’un quart de ses achats au lieu de près de la moitié dix ans plus tôt, et la part des Etats-Unis, qui naguère la dépassaient de peu, se trouve deux fois et demie plus forte que la sienne. C’est à ce moment que le tarif préférentiel est adopté pour être renforcé plus tard. Dès lors, les importations américaines cessent de croître plus vite que les importations anglaises. Dans le grand développement du commerce canadien qui marque les dix dernières années, la part de la métropole et celle du puissant voisin du Sud augmentent sensiblement dans la même proportion : en 1909-1910, les importations britanniques au Canada se chiffrent par 19 millions sterling, les importations américaines par ii millions et demi sur un ensemble général de 75 millions. L’Angleterre maintient donc complètement l’importance relative de son commerce ; en valeur absolue, elle le développe même beaucoup. Le résultat est remarquable, en présence de l’avantage crue l’extrême facilité des communications, la contiguïté des territoires, la similitude des conditions naturelles assurent aux Etats-Unis. C’est depuis l’adoption du tarif préférentiel qu’il a été obtenu.

Dans les questions militaires aussi, le progrès est certain. Leur étude a fait l’objet d’une conférence impériale de Défense convoquée, en sus des conférences coloniales ordinaires, en l’année 1909, à la suite de l’augmentation des arméniens navals allemands, qui suscitèrent, dans tout l’Empire britannique, une profonde émotion. Le gouvernement anglais aurait souhaité que les colonies lui versassent simplement des contributions en argent pour augmenter la flotte impériale, tandis qu’elles