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LES SABLES MOUVANS[1]

QUATRIÈME PARTIE[2]

X

C’était un soir d’août. Les Fontœuvre, qui n’avaient le droit de songer à nulle villégiature, alors que la plupart des artistes délaissaient Paris pour la mer ou la montagne, s’apprêtaient à dîner. On attendait Marcelle ; Hélène, qui devait manger en hâte pour retourner à son officine jusqu’à dix heures du soir, devenait fiéveuse et s’inquiétait de ce retard.

— Bast ! dit François, Marcelle aura été retenue chez les Houchemagne. Elle n’en sort plus depuis qu’elle est devenue idéaliste.

Jeanne et Nicolas, qui chaque été voyageaient pendant deux ou trois mois, étaient aussi demeurés chez eux : elle, dans un mauvais état de santé ; lui, cloué à son œuvre qu’il ne pouvait interrompre, disait-il.

— Mon vieux patron me grondera, reprit Hélène, car nous avions justement ce soir une ordonnance intéressante.

Jeuny Fontœuvre laissait dire, très absente de là, absorbée depuis trois jours par la composition d’un linteau de porte que les Dodelaul lui avaient commandé pour leur magasin. On profitait des vacances pour l’aménager à neuf ; on voulait une décoration du xviiie siècle, mais dans une note un peu sévère.

  1. Copyright by Colette Yver 1912.
  2. Voyez la Revue des 1er et 15 octobre et 1er novembre.