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restreinte, la répartition telle que l’équilibre du flotteur n’en fût pas compromis, et l’introduction évitée dans les parties où elle troublerait dangereusement la vie du navire. Si l’on consent à sacrifier une épaisseur suffisante en y disposant une ou plusieurs couches de petites cellules étanches, vides ou remplies d’une matière obturante, on arrivera toujours à diminuer dans de fortes proportions l’invasion de l’eau. Sa diffusion sera arrêtée par les cloisons transversales ou horizontales ; la multiplication des cloisons longitudinales placera sur le trajet de la force perforatrice autant d’obstacles qui finiront bien par l’arrêter. Un système, le système Blockmann, utilisait trois coques successives : en avant de la cloison blindée, cela donne peu de résultats ; derrière elle, ce serait d’un effet plus sûr.

Malheureusement, il faut toujours en revenir à des poids nouveaux, à des augmentations de déplacement. Il en faut pour l’installation même des dispositifs de défense, il en faut pour les porter et les loger. Tout poids introduit à bord nécessite l’agrandissement du navire afin que celui-ci déplace en surplus un poids d’eau équivalent. Mais cet agrandissement suppose une coque plus large ou plus longue, un supplément de parois et de liaisons qui pèsent aussi. Au total, le déplacement du navire doit être, en moyenne, accru du triple du poids nouvellement mis à bord ; en moyenne seulement, car l’installation nouvelle peut causer plus ou moins de gêne.

Alors que la protection contre le canon, répartie le long des flancs, mais au-dessus de l’eau, en une cuirasse d’une trentaine de centimètres d’épaisseur, occupe la partie la moins encombrée du navire, la protection contre la torpille doit prendre, nous le voyons, une couche épaisse de plusieurs mètres sur presque toute la surface latérale des fonds. Or, ceux-ci forment l’emplacement nécessaire de la plupart des objets dont dépend la valeur militaire du bâtiment, hors les tourelles d’artillerie : machines, chaudières, munitions, charbon, tubes lance-torpilles, appareils auxiliaires, approvisionnemens de toute sorte, sont tassés le plus bas possible. D’une part, l’équilibre du flotteur exige qu’on tienne le centre de gravité assez au-dessous du centre de poussée hydrostatique ; d’autre part, rien de ce qui est essentiel ne doit être laissé au-dessus du pont cuirassé, seul abri couvrant horizontalement l’intérieur du navire contre les obus ; enfin, la machine motrice prolonge forcément la ligne d’arbre.