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filets, à grands vides et à réseau mince, étaient conçus pour arrêter cette dernière à son renflement, sans généralement heurter la pointe percutante ; ceux d’aujourd’hui présentent plus de pleins que de vides : ils agiront presque comme une surface pleine. Il semblerait dès lors que la meilleure protection consistât à garder en tous temps les filets croisés. Mais leur tenue, nous l’avons dit, est trop précaire : le moindre obus ferait voler en éclats leurs tangons et risquerait d’envoyer leurs replis s’entortiller autour des hélices. D’autre part, leur résistance à la marche du navire ralentit sensiblement sa vitesse. Elle la ralentit surtout parce que, chaque maille étant traversée par l’eau, chaque anneau de fer ou chaque fil d’acier doit fendre la lame.

On est ainsi conduit k se demander si l’on n’en viendra pas à disposer, en dehors de la coque principale, une avant-coque formée par une tôle continue. Entre les deux s’étendrait une lame d’eau communiquant par des ouvertures avec la mer. Telle est l’une des formes de la défense permanente contre la torpille. Elle équivaut à un élargissement sensible du bateau.

Comme cas particulier, d’autre part, le filet peut être remplacé contre les mines sous-marines, par un dispositif fixe beaucoup plus simple, constitué par un ou deux câbles d’acier tendus de l’avant à l’arrière, et maintenus à quelque distance de la coque. Leur immersion doit être assez profonde pour qu’ils passent en dessous des mines et rencontrent l’orin reliant celles-ci à leur ancre. Leur rôle consiste à écarter cet orin et la mine avec lui à droite ou à gauche, de façon que l’éclatement, s’il a lieu, ne survienne pas au contact du bateau.

L’insuffisance des barrières jusqu’ici opposées à l’explosion engage à chercher tous les procédés d’amortissement préalable susceptibles d’être utilisés en avant des cloisons de soutien. Nous avons vu que la lame d’eau constituait l’un d’eux. La dispersion de l’énergie de défoncement par des chicanes coupantes en formerait un autre. On placerait dans ce cas, derrière la coque, des résistances rigides offrant au choc des gaz ou de l’eau non plus leur plus grande surface, mais une tranche aiguë, taillée en coin, suivant des surfaces de nature à faire rejaillir obliquement et à disperser en partie l’impulsion primitive. En les disposant sur plusieurs rangs en quinconce, on obtiendrait sans doute des effets encore mal étudiés.

Une autre voie est ouverte par l’exemple des freins. Quand