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pour le Téméraire. La rentrée est un peu plus longue, elle prend de trois à quatre minutes.

Les filets et leur matériel auxiliaire sont un encombrement à bord. Surtout ils constituent, une fois croisés, un obstacle à la marche. Les premiers modèles français étaient formés de mailles rondes de 15 centimètres de diamètre, en fils de fer cordés ensemble et réunis par des bagues de fer. Ils pesaient 4 kilos seulement par mètre carré, ce qui les lestait insuffisamment. Dès la vitesse de 5 nœuds, ils se relevaient, traînaient à la surface, ne donnaient plus aucune protection. On leur reprochait cependant leur poids, forcément prélevé sur les approvisionnemens de munitions ou de charbon, et bien qu’il ne représentât que 26 tonneaux pour un bâtiment de 100 mètres de long. La maison Bullivant, qui a conservé le monopole de la fabrication, a fait des modèles très divers pour les différentes marines ; elle n’a cessé de les rendre plus lourds et plus résistans. Ce ne sont plus seulement des cercles de fil de fer rapprochés, ce sont des anneaux d’acier plats, de 6 centimètres de diamètre pour le modèle anglais, anneaux entrelacés, formant une véritable cotte de mailles, qui pèse jusqu’à 25 kilos par mètre carré. Le modèle adopté sur nos cuirassés type France et Paris comporte en réalité deux filets superposés. Le diamètre des mailles a été ramené à 56 millimètres. La hauteur totale est d’environ 8m,50, le poids total de l’installation atteint 60 tonnes pour un bâtiment de 180 mètres de long. A proportion des 21 000 tonnes du déplacement, ce n’est pas excessif pour acquérir une sécurité relative. En marche, le poids de ces filets nouveaux offre un avantage : leur frottement dans l’eau ne les relève pas à moins d’une vitesse de 10 nœuds.

Leur résistance rend aussi moins forte une objection qui parut assez sérieuse, Si le filet se trouvait déchiré par des obus ennemis, il pourrait arriver que des lambeaux, traînant à l’arrière, s’engagent dans les hélices. Aussi avait-on prévu qu’on ne croiserait les filets que la nuit et qu’on les rentrerait toujours avant une lutte d’artillerie. Les types actuels, ayant plus de tenue, se sépareraient moins facilement en morceaux, et ceux-ci couleraient plus vite en vertu de leur pesanteur.

L’accroissement du poids a été surtout la conséquence de l’invention et du perfectionnement des coupe-filets. Les Allemands, par exemple, ont, paraît-il, six modèles de coupe-filets.