Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/902

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en quelques minutes. Il en est ainsi dans les ports militaires anglais. Ce système peut s’étendre à certaines rades, par exemple il a été prévu pour la baie d’Ajaccio sur une ligne de 1 500 mètres de long.

Les estacades sont des barrages légers permettant à une force navale de se mettre à l’abri dans un mouillage forain. On peut en établir au moyen d’installations de fortune, en utilisant toute espèce de matériel ; mais il est souvent fait provision de madriers, à cet effet, chaque bâtiment en portant un certain nombre. Quelle que soit la disposition adoptée, l’estacade ne donne qu’une demi-sécurité. Souvent elle peut être coupée ou franchie. Des torpilleurs se sont exercés à sauter par-dessus et y ont réussi sans avaries. De toutes les estacades, la plus efficace serait celle dans laquelle on insérerait un certain nombre de mines marines. La maison Vickers en a construit pour la marine anglaise un modèle léger et pratique constitué par de gros boudins de caoutchouc formant flotteur et portant de place en place des charges d’explosif. Le bateau qui s’engage dans leur ligne est pris dans leurs replis qui s’enroulent autour de lui en provoquant des détonations. On voit que ce système tient le milieu entre la défensive pure et la défensive offensive. Efficace contre les torpilleurs, qui naviguent en surface, il pourrait ne pas l’être contre les sous-marins en plongée qui passeraient au-dessous.

Il y a là surtout une question de hauteur de fonds. Toute estacade peut arrêter les sous-marins par petit fond à cause de leur tirant d’eau. Quand ils sont immergés à 3 mètres, c’est-à-dire recouverts par 3 mètres d’eau, le dessous de leur quille se trouve beaucoup plus bas, à 7 ou 8 mètres au-dessous de la surface pour les submersibles dérivant du type Narval, de 400 tonneaux, à 9 ou même 10 mètres pour les derniers modèles. Pour ne pas être aperçu, il faut que le sous-marin, de jour tout au moins, et c’est le jour que les sous-marins voient et attaquent, s’enfonce plus qu’à fleur d’eau ; car son périscope dépasserait encore et sa forme serait visible. D’ailleurs, le barrage n’est pas sans épaisseur : il eut être immergé de deux à trois mètres. Enfin l’assaillant doit laisser au moins 2 mètres d’eau sous sa quille. Or les passes n’ont guère plus de 10 mètres de fond tout le long de nos côtes, sauf en face de Brest et de Cherbourg. L’estacade les gardera valablement.

Nous venons de trouver un cas particulier où la protection