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parler en dernier lieu représentent la mesure la plus digne d’attention puisqu’elle protégerait les escadres en marche et jusque sur le champ de bataille. Mais elle ne convient probablement pas à toutes les conditions de temps. En outre, la ligne protectrice, signalée par la présence du remorqueur, risque d’être doublée par en dessous, au moyen d’une plongée profonde. Si donc elle est assez écartée de l’escadre, le sous-marin la franchira, pour reprendre au delà son cheminement au périscope et sa visée. Voisine des cuirassés, elle en gênera les évolutions et pourra devenir pour eux-mêmes un danger. Comme toute arme aveugle, la mine est traîtresse ; elle frappe l’ami comme l’ennemi : les Russes en ont fait à Dalny la triste expérience.

La défensive passive échappe à ce reproche. Simple parade, obstacle inerte opposé aux approches ou aux coups, elle vise à annuler l’adversaire sans chercher à lui nuire. Elle lui laisse donc toute sa liberté d’esprit, tout son élan d’initiative et d’audace. Celui qui ne fait que se couvrir devient un plastron. C’est ce qui rend souvent illusoires celles de ces protections jetées au-devant, non d’un projectile inanimé, mais d’un bateau, c’est-à-dire en réalité d’une intelligence et d’une volonté humaines. Cette seconde catégorie comprend les barrages et les estacades. Avant d’en parler, signalons les tentatives faites pour troubler la vision des périscopes en répandant de l’huile à la surface de l’eau. On espérait empêcher complètement le sous-marin de voir. On n’a réussi qu’à le gêner un peu en diminuant la netteté du périscope. Il n’est d’ailleurs pas facile de couvrir d’huile une surface indéfinie de mer, ce qui deviendrait nécessaire quand on est en marche. Le procédé ne sera bon qu’à des cas particuliers.

L’apparition du torpilleur a conduit toutes les marines à faire usage de moyens mécaniques pour lui fermer les ports de guerre et de commerce ou certaines portions de rades. Au temps jadis, on barrait les entrées des ports avec des chaînes ; aujourd’hui, nous tendrions entre les deux musoirs un barrage, formé de madriers assemblés, et comportant une partie mobile, pour ne pas entraver la circulation amie. Un barrage sérieux ne doit pas comprendre moins de trois lignes, voisines l’une de l’autre et réunies par des câbles d’acier. Ces barrages devraient se trouver tout préparés dès le temps de paix, de façon à être mis en place