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ajoutée aux cuirassés anciens achèverait la concentration des armes. Mais en absorbant une part du déplacement, elle réduirait d’autant la part dominatrice faite au canon. On peut donc se demander si, la navigation sous-marine existant, il ne vaut pas mieux la réserver à des unités spéciales et laisser le cuirassé flotter constamment sur l’eau. Dans tous les cas, submersible ou non, le bâtiment porteur de gros canons aura besoin, du moins pendant qu’il en fera usage, d’être ou gardé ou protégé contre la torpille.

Aujourd’hui que la torpille entre dans une nouvelle phase où elle affirme comme elle ne l’a jamais fait sa terrible efficacité, ce double rôle de protection devient plus malaisé. Le cuirassé moderne va-t-il donc disparaître pour se reformer ? Plus probablement il va se défendre.

Nous allons passer en revue les moyens jusqu’ici mis en œuvre pour réaliser cette défense et lui donner toute sa valeur pratique.


VI. LA DEFENSE CONTRE LE SOUS-MARIN

Deux choses sont à considérer : la protection contre la torpille et la lutte contre le porteur de torpilles. Pour se mettre à l’abri des dangers apportés par cet engin de mort, dans le premier cas, on fait de la défense passive, dans le second, ce qu’on a appelé de la défense offensive. Nous allons commencer par cette dernière. Il s’agit de détruire ou de paralyser, avant qu’ils aient pu effectuer leurs lancemens, les porteurs de torpilles. Lorsqu’ils sont bâtimens de surface, on a contre eux le canon, abrité, approvisionné, informé par tous les moyens de protection, de combat et d’éclairage réalisés jusqu’à ce jour. L’idée vient tout d’abord de s’en servir aussi contre le sous-marin. Malheureusement, son pouvoir est ici fort limité. On a bien essayé de tirer sur des bateaux en immersion avec des obus à grande capacité d’explosifs. Des expériences ont été faites en particulier en Angleterre avec la lyddite. Le sous-marin, couvert par trois mètres d’eau, coula, dit-on, après quelques coups. Ce résultat, s’il était confirmé, serait attribuable à la sensibilité particulière du flotteur aux explosions produites dans l’eau près de lui. Il suffit que la secousse amène un jeu minime