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actuel venait à disparaitre, il ne tarderait pas à se reconstituer en partant du bâtiment de flottille.

Les projets en ce sens se formulent déjà Un ingénieur russe, B. Schuravieff, a présenté les plans d’un croiseur-cuirassé sous-marin de 4 500 tonneaux en surface et 5 500 en plongée adapté aux mers comme la Baltique. Il se fait fort de lui assurer 18 000 milles de rayon d’action à 11 nœuds, des vitesses extrêmes de près de 26 nœuds en surface et 14 en immersion, un armement de 30 tubes approvisionnés à deux coups, 120 mines de blocus et 5 canons de 12 centimètres. Mais pour mouvoir aux vitesses nécessaires des sous-marins approchant de ces dimensions, il faudrait grouper des moteurs à pétrole de 1 500 à 1 800 chevaux. Les constructeurs n’ont en service à la mer que des unités beaucoup moins puissantes, dont il faudrait tripler la force. Ce progrès demandera quelques années.

Il s’accompagnera de la formation de divisions annexes, comprenant des navires-bases, ateliers, docks flottans, magasins d’approvisionnemens, etc. La marine anglaise possède déjà 47 bâtimens spéciaux à cet effet. Elle a 68 sous-marins en service ; nous n’en avons que 64. Puis viennent la Russie, avec 30, les États-Unis avec 21, l’Allemagne avec 16, le Japon avec 12, l’Italie avec 10, l’Autriche-Hongrie avec 7. Il s’en trouverait, d’après les statistiques, dans le monde entier 237, appartenant presque tous aux marines européennes. Mais si l’on ajoute les unités en chantiers, ce chiffre total monte à 342, dont 80 pour l’Angleterre, 79 pour la France, 39 pour les États-Unis, 37 pour la Russie, 36 pour l’Allemagne, 20 pour l’Italie, 13 pour l’Autriche-Hongrie.

L’Europe entretient environ 150 cuirassés. Ils ne tarderont pas à être menacés par un nombre double et bientôt sans doute par un nombre triple ou quadruple de sous-marins. Tel est le fait qui dominera la politique navale de demain.


V. — LA QUESTION DU CUIRASSE

Longtemps avant les progrès que nous venons de faire entrevoir et dont une partie reste à réaliser, des esprits hâtifs ont proclamé la déchéance du cuirassé, la disparition du canon. Ils