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encore. Ils rencontraient bien des obstacles dans les forces mêmes de la nature. Le problème à résoudre était aussi complexe que nouveau.

La stabilité de l’équilibre en profondeur a fait naitre les premières difficultés. L’immersion du plongeur immobile, comme l’altitude d’un ballon, dépend du rapport de son poids à la densité du milieu qui le porte. Or cette densité est variable d’un point à l’autre de la même couche marine. On sait combien le ballon est sensible à la moindre surcharge, à la disparition d’un seul sac de lest. Pour un sous-marin de 100 tonneaux, il suffit d’une différence de un millième dans la densité de l’eau pour produire une différence de 100 kilogrammes dans la poussée ; et des écarts de densité sensiblement supérieurs ont été constatés le même jour entre deux parties de la rade de Toulon par exemple. Mais si le ballon peut monter ou descendre sans péril, le sous-marin ne saurait atteindre, sans risquer d’être écrasé, des profondeurs encore très voisines cependant de la surface. Il n’est pas construit pour résister aux pressions de plus de 100 mètres d’eau. Il a ainsi fallu des appareils régulateurs puissans pour maintenir l’équilibre en plongée. On en a réalisé d’une singulière perfection.

La profondeur atteinte en marche ne dépend plus seulement des poids, mais aussi de gouvernails ou d’ailerons utilisant l’action de la marche même pour faire descendre ou remonter le bateau. Il se trouve donc souvent incliné. Seulement il ne faut pas lui donner une inclinaison trop considérable, sous peine de renverser l’eau acidulée des accumulateurs électriques, ce qui nuirait à leur fonctionnement et répandrait des vapeurs toxiques. Il y a quelques années, on ne pouvait dépasser l’angle de 5°. On arrive aujourd’hui jusqu’à 13° et plus.

C’est suffisant. En prenant 10° de pente, par exemple, le Gustave-Zédé, deuxième du nom, ayant 74 mètres de long, établit déjà entre son avant et son arrière une dénivellation de 13 mètres. En naviguant ainsi deux minutes, à 10 nœuds, il descendrait tout entier à plus de 100 mètres de fond. En moins d’une demi-minute, un commandant habile passe sous la coque du plus grand navire.

On sait ce qui distingue le sous-marin proprement dit, bâtiment à faible flottabilité, nécessitant peu de surcharge pour s’enfoncer, mais n’émergeant jamais beaucoup et s’élevant mal