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torpille dirigée, l’autre déjà théoriquement acquis est le tir en éventail.

Les ondes hertziennes semblent devoir permettre de diriger une torpille à distance et par conséquent de la conduire comme à la main jusqu’à son but. On conçoit la révolution qui résulterait d’une pareille nouveauté. Mais l’application exigerait une antenne toujours visible, dressée par la torpille au-dessus des vagues. Cette antenne désignerait le projectile flottant au regard de l’ennemi, libre ainsi de le prendre pour but et de l’endommager. Puis les complications entraînées par le mécanisme de direction limiteraient sans doute beaucoup le nombre des engins mis à bord d’un petit bateau. Ce sont de grosses objections, qui ne détruisent pas cependant tout l’intérêt de la torpille dirigée.

La possibilité du tir en éventail résulte du triple gain réalisé sur les portées, sur les vitesses et sur la rectitude des trajectoires. Jusqu’ici, les flottilles n’ont fait entrer dans leurs projets qu’une ou plusieurs attaques simultanées de bâtimens considérés isolément. Or la durée des parcours de la torpille donne plus d’avantage, à grande, distance, au tir méthodique sur l’ensemble d’une escadre disposée en ligne, ce qui est le cas général. La ligne est composée de bateaux d’environ 200 mètres de long, séparés par des intervalles un peu supérieurs. Qu’on lance un certain nombre de torpilles en faisceau divergent, de façon que l’écartement des branches du faisceau, en croisant la ligne ennemie, soit au plus égal à 300 mètres ; si l’une des torpilles passe dans un créneau, quelqu’une de ses voisines rencontrera une coque. On est presque sur d’un succès partiel, auquel la puissance de l’explosion sous-marine donne un intérêt considérable.

Rien n’empêchera les cuirassés eux-mêmes d’employer ce procédé contre l’escadre adverse, si elle se rapproche à bonne distance. Mais c’est par le sous-marin qu’il prendra toute sa valeur. Il nous reste donc à voir les chances de ce dernier dans la lutte maritime.


IV. — LE SOUS-MARIN

Nous ne rappellerons pas le principe du sous-marin. Ses progrès, plus récens que ceux de la torpille, ont été plus marqués