Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/884

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une part, sur nos côtes, aux points essentiels, la fermeture des passes et la protection des approches ; d’autre part, au voisinage du littoral ennemi, le blocus ou l’embouteillage d’un port ou d’une force navale.

Dès lors, dans ces zones importantes, les escadres auront soin de se faire précéder de dragueurs ou d’un cargo-boat choisi comme bouc émissaire. Après qu’il aura provoqué l’explosion, on pourra sans danger passer sur sa trace. A mesure aussi que la portée de l’artillerie s’étend, la surface à miner s’élargit, si l’on veut couvrir une ville, un arsenal, une rade contre les insultes. Ce sont des empêchemens. Ils ont inspiré souvent le parti de remplacer les défenses sous-marines fixes par des batteries de torpilles automobiles lancées de terre et choisissant du moins leur moment et leur victime. Malheureusement le poste à terre coûte cher et reste facile à détruire de l’extérieur, et la destruction en est irréparable. De système défensif en système défensif, on en viendra donc à se fier plutôt au plus offensif de tous, le sous-marin côtier. On l’aménagera pour cet emploi ; on le mettra en communication constante avec la terre ; on l’approvisionnera suffisamment. Et sur les côtes ennemies le grand sous-marin d’escadre ira opérer aux abords des forces constituées. La mine restera une arme secondaire, faute de se prêter à cette collaboration instantanée entre les énergies de la matière et l’intelligence humaine, qui fait la royauté du canon ?


{{c[III. — LES LANCEURS DE TORPILLE }}

Le premier d’entre eux chronologiquement est le grand bateau de ligne. On n’a jamais cessé de mettre des tubes lance-torpilles sur les cuirassés et les croiseurs. Cette union de la torpille et de la cuirasse doit faire réfléchir ceux qui annoncent que celle-ci doit disparaître devant celle-là Il n’est pas prouvé que la torpille ne trouve pas sur le cuirassé précisément quelques-unes des conditions les plus favorables à son lancement efficace. Là sont installés les tubes sous-marins. Autrefois on lançait par des tubes aériens disposés dans les batteries hautes. Mais ceux-ci eussent été détruits par le feu de l’artillerie longtemps avant qu’on ne fut à portée de torpille ; et les torpilles elles-mêmes, soit placées dans le tube, soit préparées à proximité,