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gain de 10 pour 100 sur les vitesses, de près de 50 p. 100 sur la portée maxima. Celle-ci, qui est actuellement d’environ 3 500 mètres, serait ainsi amenée à en dépasser 6 000. Il semble enfin qu’on puisse tabler, dans un avenir assez prochain, sur des vitesses d’une soixantaine de nœuds, dans un faible rayon, ou d’une trentaine, sur 7 000 ou 8 000 mètres.

Les grandes portées seraient destinées à rester sans usage si un progrès d’une autre nature n’avait permis d’assurer la tenue de la torpille sur sa trajectoire dans une direction permanente. Nous en sommes redevables au gyroscope, dont l’appareil Obry est une application. L’axe d’un petit volant en rotation rapide, se maintenant, on le sait, par l’inertie même du système rotatif, parallèle à une direction fixe de l’espace, pourra commander le gouvernail de direction de la torpille. Il joue ainsi, dans un autre plan le même rôle que le pendule. Il conserve l’orientation donnée au moment du tir, c’est-à-dire lorsqu’il a été mis en mouvement. Tout crochet de la torpille, en déplaçant la coque, et les organes internes par rapport au gyroscope, meut le gouvernail dans le sens nécessaire pour corriger ce même crochet.

L’Obry permet encore des tirs volontairement déviés, en tournant un obstacle. Il a ses dangers en cas de mauvais réglage : la torpille peut alors décrire un cercle et revenir sur l’escadre qui l’a lancée. Mais c’est un accident qui paraît devoir être fort rare.

Autrefois, au delà de 400 ou 500 mètres, les écarts au but dépassaient souvent la demi-longueur du bateau à atteindre : aujourd’hui, ils doivent permettre un tir efficace à 1 000 ou même 2 000 mètres. Les marchés récens passés avec) la maison Whitehead garantissent un écart au plus égal à 6 mètres de droite ou de gauche pour 1 000 mètres, 15 mètres pour 2 000, 25 mètres pour 3 000. On a même pu avoir des trajectoires correctes jusqu’à 4 000 mètres Seulement ce sont là des résultats de polygone, obtenus entre les mains du fabricant, par des torpilles neuves, fraîchement réglées, lancées en eau calme et au moyen d’un tube spécial. La pratique entraîne des conditions tout autres.

Elle oblige en outre à compter avec des erreurs de visée dont les conséquences risquent de l’emporter de beaucoup sur les écarts propres à la torpille. Ici, comme à la culasse du canon, le pointeur se trompe : nulle part son œil n’ajuste rigoureusement les repères des appareils de visée. Surtout, il lui faut évaluer deux élémens