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Demain, il y a grande réception à la Cour ; le Corps diplomatique sera reçu à part comme sous Charles X ; on a fait insinuer au nonce de la part du Roi que Sa Majesté désirerait qu’il lui adressât au nom du Corps diplomatique un discours ainsi que cela se faisait sous Charles X. Le nonce est venu chez nous ce soir pour communiquer cette insinuation à notre cousin. Ils ont composé ensemble un charmant petit discours avec de charmantes phrases qui ne disent rien du tout. Il n’y est question ni du fils aîné de l’Église, ni de quoi que ce soit qui pourrait rappeler les anciens rapports de la France avec le Saint-Siège.


6 janvier 1831. — On parle de plusieurs nominations de Dames du Palais qui doivent être nommées pour former une cour convenable à la reine des Français. Parmi les noms qu’on cite se trouvent ceux qui suivent : les duchesses de Dino, Périgord, de Valençay, la marquise de Caraman, les comtesses de Saint-Aldegonde et d’Oudenarde et autres parmi celles qui vont au Palais.


18 janvier 1831. — Notre bal a été des plus animés, c’était la première grande fête donnée depuis les journées de Juillet ; les mêmes personnes qu’autrefois s’y retrouvaient et paraissaient avoir oublié pour quelques momens toute la révolution qui a passé devant nos fenêtres ; il fallait être bien initié dans les secrets de la société pour y remarquer les changemens. Mesdames les duchesses d’Escars, de Bauffremont, de Maillé, de Tourzel, de Narbonne, de Lorges, de Noailles, de Damas, de Crussol, de La Force, de Clermont-Tonnerre et autres n’y étaient point, et cela pour ne point rencontrer le Duc d’Orléans. Il s’en aperçut, et en dansant avec la marquise de Caraman, il lui exprima sa surprise de ne point trouver chez nous toutes ces dames.

— Je trouve fort simple, disait-il, que ces dames ne veuillent point aller au Palais-Royal ; mais il est par trop fort de pousser la chose jusqu’à vouloir m’éviter même dans une maison tierce.

Mme de Caraman lui répondit qu’elle trouvait cette remarque très peu galante pour les dames qui se trouvaient présentes au bal.

— Elles vous manquent, continua-t-elle, celles qui n’y sont point, et vous n’apercevez pas. Monseigneur, celles qui y sont.