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pays à l’époque de son premier séjour, n’ont point été payées, de sorte que les créanciers pourraient saisir, s’ils le voulaient, ce roi fugitif.

12 octobre. — Une effrayante opposition se forme contre le nouveau ministère, déjà il ne fait que végéter. M. Mauguin s’est mis à la tête de cette opposition et son attaque est vigoureuse ; le nouveau ministère qui doit remplacer celui que nous avons doit être composé de gens de sang et dès lors il y a encore une nouvelle chance pour la République. Parmi les hommes qu’on croit destinés à devenir ministres, on nomme M. de Salverte, qui s’est rendu célèbre par sa proposition dans la Chambre des députés contre l’abolition de la peine de mort. Le gouvernement s’est fièrement trompé dans son attente ; il a cru que la proposition qu’il a motivée dans la Chambre contre la peine de mort lui permettrait de sauver les anciens ministres de Charles X. Loin de calmer les esprits, elle n’a fait qu’irriter de nouveau la populace et la garde nationale contre les accusés. Effrayé de la tournure dangereuse que prenait de nouveau cet horrible procès, le ministère a fait une seconde gaucherie. On a payé des blessés afin qu’ils jouassent une scène dramatique en demandant la grâce des anciens ministres ; la chose était trop claire pour ne point sauter aux yeux de tout le monde. Cette ruse mal réussie a eu encore un autre grave inconvénient, celui de perdre le nouveau ministère ; le peuple ne voit plus en lui qu’une réunion d’imposteurs qui le trompera toujours.

Ajoutez à tout cela la licence effrénée de la presse et le mécontentement de tous les journalistes auxquels on n’a pas pu donner des places, puisqu’il n’y en avait plus à la disposition du gouvernement, tant elles avaient été envahies. Un des rédacteurs du Globe est le dernier qui ait eu la dernière préfecture disponible. Maintenant, tout le monde prétend avoir contribué à la grande révolution.


14 octobre. — Mme la Duchesse de Berry s’amuse à merveille en Angleterre et fait force visites dans les châteaux. Entre autres, elle a été chez le duc de Dewonshire où elle a passé trois jours. Le duc lui a donné deux bals et Madame a dansé comme si elle était aux Tuileries. En partant de chez le duc, elle lui dit qu’elle espérait lui rendre sa politesse à Rosny, avant qu’une année ne soit écoulée.