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les affaires belges. Mais un gouvernement aussi faible que celui de Louis-Philippe pourra-t-il empêcher que le comité directeur ne fasse des enrôlemens, dans Paris même, pour Bruxelles et tous les autres pays ? C’est douteux. Tout ce que l’on peut exiger de lui, c’est de ne pas les favoriser, ce qui lui sera difficile, tant il est obligé de flatter le parti révolutionnaire, pour ne pas être renversé par lui.


3 octobre. — Les affaires du gouvernement français ne prennent pas une bien bonne tournure. La proposition de M. de Tracy, en faveur de l’abolition de la peine de mort, a eu un effet tout à fait contraire à celui qu’on en avait espéré. M. de La Fayette, qui se croyait tout-puissant, s’est passablement dépopularisé en appuyant la proposition de M. de Tracy. La garde nationale a déclaré que s’il y avait des troubles dans Paris, à propos du procès des ministres, elle ne tirerait point sur le peuple, en alléguant pour cause qu’elle se dépopulariserait trop et qu’alors, dans une autre occasion, elle ne pourrait plus être utile au Roi. Le Palais-Royal et le Ministère sont en alarmes. Le Duc d’Orléans a déclaré qu’il fallait sauver à tout prix les ministres de Charles X et que lui-même en donnerait l’exemple en se mettant à la porte du Palais du Luxembourg pour les défendre.


6 octobre. — La marquise de Ferrari, qui part incessamment pour Turin, est chargée, par la reine des Français, de dire à la reine de Sardaigne combien elle est désolée de tout ce qui s’est passé en France et surtout de sa position. La Reine, pour excuser son auguste époux, allègue qu’il avait été forcé d’accepter la couronne que Charles X avait abandonnée, qu’il l’a fait bien à contre-cœur, et seulement parce qu’il ne voyait aucun autre moyen de sauver la France d’une horrible anarchie.

« Que tous les rois, ajoute la Reine, prennent exemple sur ce qui est arrivé à Charles X ; la civilisation est arrivée aujourd’hui à un si haut degré que les rois ne peuvent plus exercer sur leurs peuples tous les droits qu’ils ont eus, il y a cent ans. Maintenant, pour se maintenir, il faut céder et surtout venir au-devant des demandes, afin d’avoir au moins le mérite de donner à qui quelques mois plus tard on sera obligé d’accorder. »

La position de Charles X en Angleterre est aussi bien triste. Il se trouve que toutes les dettes qu’il avait contractées dans ce