Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/788

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore à conférer avec le Vatican sur l’éducation des clercs, il ne devait s’en prendre qu’à lui-même si les orateurs du Centre, dans la lutte électorale dont allait sortir un nouveau Reichstag, exploitaient l’attristant spectacle de ces deux diocèses afin de mobiliser une fois de plus les énergies catholiques.

Windthorst se remua comme il le savait faire : courant à Amberg, à l’Assemblée générale des catholiques, il fit appel aux femmes, pour qu’aucun national-libéral ne fût élu. « Ces gens-là, disait-il, veulent nous livrer une lutte au couteau ; nous verrons qui a le plus long couteau. » Et Windthorst, avouant les complexités de la situation, ajoutait :


Il n’y a pas à se dissimuler que çà et là, dans les cercles de nos amis. un certain manque d’énergie s’est glisse, on croit qu’on peut arriver à quelque chose par une attitude d’humble prière. Non, déshabituons-nous tout à fait de cela ! Pas de mesures de grâce ! Notre droit !


Ainsi s’ébranlait le Centre, pour la campagne électorale : tandis que les nationaux-libéraux étaient découragés, tandis que Miquel, que Bennigsen, refusaient de se porter candidats pour le futur Reichstag, il semblait que Windthorst prit ses mesures pour y installer en maîtresse, de plus en plus incontestée, une coalition du Centre et des gauches progressistes. Elle s’y installa, en effet ; l’effort qu’avait tenté la presse bismarckienne pour susciter une majorité parlementaire « nationale, » faite de nationaux-libéraux et de conservateurs modérés, — un Cartell, comme on devait dire plus tard, — aboutissait pour le moment à un échec. « Le Centre, gémissaient les Grenzboten, demeure inébranlé ; il en sera pour longtemps ainsi, vraisemblablement ; tant que les ordres de la hiérarchie romaine, d’une hiérarchie sans patrie, sont décisifs pour un électeur allemand, la puissance du Centre est invincible. »

L’omnipotence de Windthorst prit tout de suite un éclat superbe : il demanda pourquoi le Conseil fédéral avait de nouveau maintenu, malgré deux votes du Reichstag, la loi d’expatriation des prêtres ; alors Bismarck qui, depuis bien des mois, n’avait point parlé de la question religieuse, se leva pour s’expliquer. Il montra la Pologne : la loi dont le Reichstag ne voulait plus demeurait nécessaire, vis-à-vis des prêtres polonais. Il fit un long discours, qui, volontairement, peut-être, était flottant, déconcertant, presque incohérent : il se plaignit du Centre,