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les délibérations des évêques ils s’y conduisissent désormais en hauts fonctionnaires plutôt qu’en prêtres, et que la concorde de l’épiscopat fût dès lors troublée ; ils représentèrent toujours l’Eglise dans les conseils de l’Etat, et non l’État dans les conseils de l’Eglise. Mais une démarche confidentielle de Gossler montra que la Prusse cherchait un évêque propice, un diocèse opportun, pour essayer au sujet de l’éducation du clergé certaines combinaisons qui, si elles réussissaient, permettraient d’éviter la révision des lois de Mai ; cet évêque, avant de répondre, saisit Rome de la question ; et Rome expédia à l’assemblée épiscopale de Fulda la copie des propositions prussiennes et l’avis d’un homme d’Eglise qui, faute de mieux, inclinait à les consentir.

La Prusse avait peut-être espéré diviser l’épiscopat, et voilà qu’il était juge, au contraire, des propositions de la Prusse. La Prusse, en substance, avait dit à l’évêque qu’elle avait sondé : « Vos clercs feront leurs études secondaires dans les gymnases publics ; mais vous pourrez, près de ces gymnases, ériger des convicts. Ils apprendront la théologie dans les universités d’État ; vous pourrez, près d’elles, avoir des convicts, en faisant connaître à l’État leurs règlemens et le nom de leurs directeurs. Il n’y aura plus d’examen d’Etat sur les sciences profanes, mais vos clercs devront suivre des cours de littérature et d’histoire. Vous pourrez parachever dans des séminaires pastoraux leur formation pratique en faisant connaître à l’État les règlemens de ces maisons, le nom du directeur, le nom des maîtres. »

Il y avait, — il y a encore, — dans l’Allemagne catholique, au sujet de l’éducation des prêtres, deux courans d’idées singulièrement divergens ; les facultés de théologie ont leurs partisans, les grands séminaires ont les leurs. Deux sollicitudes sont en lutte : l’une s’attache à la formation scientifique et choisit les universités ; l’autre s’attache au développement de l’esprit sacerdotal, et choisit les grands séminaires. Deux méthodes, aussi, sont en conflit : l’une, plus hardie, est toute prête à payer de certains périls une éducation qui mettra le prêtre en contact avec le monde profane, c’est-à-dire avec son futur terrain d’apostolat, et. qui l’équipera pour ses futures tentatives de pénétration, pour sa future besogne d’action ; l’autre, plus désireuse d’être circonspecte et plus fidèle aux indications du Concile de Trente, préfère ménager au prêtre, sous la surveillance