Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/784

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des Mémoriaux et serait sans doute amené, par les nécessités de ce poste, à demeurer dans le centre de Rome ; il ajoutait que cette charge était incompatible avec le gouvernement d’un diocèse et que le cardinal allait renoncer à son siège. Déjà Schloezer respirait : Ledochowski démissionnant, c’était pour la griffe du lion prussien, vigoureusement allongée sur l’infortunée Posnanie, une douloureuse épine de moins. Mais Léon XIII s’en rendait compte, et Léon XIII déclarait : « J’accepterai la renonciation du cardinal au siège de Posen dès que nous serons d’accord sur un successeur, et dès que vous aurez été autorisé à reprendre officiellement avec moi les négociations, spécialement au sujet de l’éducation du clergé. » Schloezer, tout joyeux, prévint son gouvernement. On le vit souvent, dans les semaines qui suivirent, gravir les escaliers de Jacobini : ils parlaient ensemble du successeur de Ledochowski. Jacobini proposa trois noms de prêtres polonais ; Berlin les refusa. Il semble que Schloezer, de son côté, mit un nom en avant. Mais Jacobini, sur ces entrefaites, le pria de songera la condition mise par Léon XIII : le Pape voulait que Rome et Berlin s’entendissent pour l’éducation du clergé. Schloezer protesta, parut surpris que Léon XIII subordonnât à cette condition le règlement de l’affaire de Posen ; Jacobini lui rappela les paroles papales, et Schloezer repartit qu’il ne leur avait pas donné ce sens. Alors Jacobini l’avertit, que, pour l’instant, Ledochowski demeurait archevêque de Posen ; et la Prusse, qui avait en mars espéré beaucoup, se sentit en mai fort déconfite.

Car Rome ne s’était pas « fourvoyée. » Windthorst pouvait se réjouir. Les populations privées d’archevêques se remuaient : une immense assemblée de catholiques, tenue à Cologne au milieu d’avril, avait réclamé qu’on rendit Melchers à son peuple. Windthorst, de nouveau, dressa devant Gossler ennuyé sa belliqueuse petite taille : le 17 mai, au Landtag, il intervint encore pour la révision des lois de Mai, et constata que, dans la session qui s’achevait, le gouvernement n’avait déposé aucun nouveau projet réparateur. « Le gouvernement, répondit Gossler, ne juge pas le moment venu ; quand sera-ce ? Il ne le peut dire. » Windthorst, en juin, s’en fut au Reichstag et pria cette assemblée de renouveler le vote par lequel, une première fois déjà, elle avait aboli la loi permettant d’expatrier les prêtres ; ainsi fit le Reichstag. Windthorst voulait que ces votes répétés obligeassent le Conseil fédéral de supprimer cette loi, et que les