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promener leur zèle, à travers les diocèses où la hiérarchie demeurait décapitée.

Les conservateurs, dociles, agréèrent cette addition ; le projet revint devant la Chambre. Bismarck devait accueillir ou refuser les propositions de Windthorst. Pour le texte qu’il avait présenté, il n’aurait pu recruter aucune majorité. Il fut décidé que le ministre Gossler s’efforcerait de soutenir cette rédaction primitive, mais ne ferait pas au texte nouveau une opposition absolue. Bismarck allait céder devant Windthorst. Ces jours-là même, Schloezer transmettait au chancelier une note nouvelle de Jacobini. Le secrétaire d’État redisait que deux moyens seulement existaient de rétablir la paix : ou bien le retour à l’état de choses antérieur aux lois de Mai, ou bien un accord avec le Saint-Siège ; et Schloezer prévenait Bismarck que Léon XIII ne donnerait pas son assentiment à la loi qui se préparait. Pour avoir voulu, une troisième fois, légiférer sans le Saint-Siège, Bismarck avait ce double ennui, de devoir passer sous les fourches caudines de Windthorst, et de constater que, dans la ligne de conduite du Saint-Siège, rien ne se modifiait. La loi fut acceptée, telle que Windthorst la voulait, par les deux Chambres ; la crainte de Schloezer, qui avait pu croire, un instant, que le Vatican défendrait au Centre de la voter, ne se vérifia pas. Les colères nationales-libérales s’insurgèrent dans les Chambres d’abord, puis dans la presse, non seulement contre le Centre, mais aussi contre les « sots affiliés du Centre » (ainsi commençait-on de qualifier les conservateurs qui avaient fait triompher une loi plus propice à l’Eglise que ne l’était le projet bismarckien ; elles furent échauffées, aussi, par un jugement du tribunal d’Empire, qui condamnait un journaliste à un mois de prison pour insulte au dogme de l’Infaillibilité. Qu’allaient penser les « vieux catholiques, » dont l’évêque se plaignait déjà que la profession de vieux-catholicisme fût devenue, pour certains fonctionnaires, une mauvaise note ?

On a capitulé devant le Pape, s’écriait la Gazette nationale ; c’est un nouvel Olmütz. Et la Gazette de Cologne poussait un cri d’amère déception.


Il n’y a pas un paysan de Westphalie, écrivait-elle, pas un chapelain de l’Eifel, pour remercier l’État d’abandonner le Culturkampf. Ils haïssaient l’État, maintenant ils le bafouent. Aux discours qu’on tient sur la sollicitude du gouvernement pour les besoins spirituels des Catholiques, le peuple