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de leurs détresses qui s’épanchait. Sans cesse ce flot grossissait ; car d’année en année, les paroisses où s’exerçait un ministère pastoral vraiment régulier diminuaient en nombre. Il n’y avait qu’une issue : c’était de stipuler que les évêques pouvaient, à leur gré, sans en référer au pouvoir civil, expédier, dans les paroisses vacantes, des prêtres amovibles, chargés de faire provisoirement fonction de curés ou d’accomplir certaines besognes auxiliaires. Schloezer, dans une note du 5 mai 1882, avait proposé cette combinaison comme l’élément d’un accord avec le Vatican. Bismarck pressé, et qui, pour l’heure, renonçait à l’accord, décida de la faire passer immédiatement dans un projet de loi : l’État prussien, en 1882, comme en 1880, allait légiférer tout seul, à l’écart du Saint-Siège.

Cette concession nouvelle fut formulée dans les deux premiers articles ; puis d’autres atténuations furent envisagées. Un article 3 spécifia que la « cour royale pour les affaires ecclésiastiques » n’aurait plus à se mêler, désormais, ni de la collation des charges ecclésiastiques inamovibles, ni de la nomination de professeurs de séminaires, ni de l’exercice des fonctions épiscopales dans les diocèses vacans ; mais, en vertu d’un article 4, le droit de veto de l’Etat était maintenu, pour le cas où le président supérieur croirait devoir alléguer, contre le curé présenté par l’évêque, un motif appartenant au domaine civil ou politique, et pour le cas, surtout, où un évêque voudrait nommer des prêtres dont l’éducation n’aurait pas été conforme aux lois de Mai.

Le Centre critiqua le projet : « C’est un petit acheminement, » reconnaissait Pierre Reichensperger, mais il, faisait observer que dans les diocèses dont l’évêque était déposé, ceux de Cologne, de Munster, de Limburg, de Posen, il n’y avait personne de qualifié, aux yeux de l’Etat, pour expédier des prêtres dans les paroisses, et que sur ces vastes territoires la loi demeurerait sans effet. Ces quatre articles, murmurait Windthorst, ne sont pas « l’œuvre d’un homme d’Etat travaillant dans le grand style, mais de quelques conseillers secrets, qui coupent en quatre les lois de Mai ; ils n’empêcheront pas qu’une messe dite sur le territoire prussien par le cardinal Jacobini, prêtre étranger, soit encore passible de poursuites. » Windthorst ne voulait pas qu’on crût endormir les catholiques en donnant certaines facilités, pour le ministère ecclésiastique, à des escadrons volans de