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incessantes. Le problème qui se dresse devant lui a cependant été résolu. L’emploi de l’outillage mécanique constitue une des solutions qui se sont imposées. Cet usage est efficace, et partout il est signalé. L’esprit d’association, si largement développé depuis quelque trente ans, permet aux petits cultivateurs de profiter des avantages que présente la machine agricole perfectionnée. Nos constructeurs se sont efforcés, d’ailleurs, de réduire les prix de l’outil mécanique pour le mettre à la portée de cette clientèle spéciale.

La main-d’œuvre nomade ou étrangère constitue encore un secours, une aide souvent indispensable utilisée dans nos départemens de culture industrielle et riche. Aux Bretons qui émigrent temporairement, aux Belges qui sont utilisés dans l’Ile-de-France, viennent se joindre^ depuis six ou sept ans, et avec un succès parfois marqué, des travailleurs ruraux polonais. Une note, jointe à l’enquête officielle sur les salaires ruraux, nous donne quelques conclusions intéressantes au sujet de cette main-d’œuvre étrangère :


Comme il n’est que trop évident que, pour des causes multiples, la main-d’œuvre agricole fait en France de plus en plus défaut, les agriculteurs se trouvent donc dans l’obligation, pour y suppléer, d’avoir recours aux ouvriers étrangers. L’immigration polonaise de Galicie ne fait que répondre à un besoin déjà ancien, mais que le recrutement insuffisant d’ouvriers belges ou italiens a contribué à aggraver. Elle se trouve donc pleinement justifiée et ne peut à aucun degré porter préjudice à la main-d’œuvre agricole indigène. En outre, les ouvriers galiciens appartenant originairement à une nation qui est traditionnellement sympathique à la France, pourraient, mieux que d’autres, y être cordialement accueillis. Il semble donc que tous les efforts qui seront tentés pour organiser, utiliser et développer méthodiquement cette immigration, au mieux des intérêts réciproques des agriculteurs français et des ouvriers galiciens, doivent être favorisés par les pouvoirs publics des deux nations dont ils servent en même temps les intérêts généraux.


Enfin, la rareté et la cherté de la main-d’œuvre ont pour dernière conséquence la transformation véritable des systèmes, de culture. Aux céréales, ou aux plantes industrielles le cultivateur substitue la prairie ou les cultures fourragères qui demandent moins de bras.

« Partout où le sol et le climat ne sont pas trop secs, dit le professeur d’agriculture de l’Eure, on a transformé les terres en pâture. Dans les arrondissemens de Bernay et de Pont-Audemer,