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agricole et ses agens. La note suivante qui se rapporte à l’Ille-et-Vilaine donne bien cette impression de nécessité et résume les faits suivans :

« La durée de la journée de travail ne varie guère d’une région à l’autre ; elle n’est du reste bien réglée nulle part ; elle dépend avant tout de l’urgence des travaux à exécuter, de la durée du jour, du temps plus ou moins favorable. Très courte en hiver (de huit heures du matin à quatre ou cinq heures du soir), elle peut aller, pendant les grands travaux d’été, de quatre à cinq heures du matin à sept ou huit heures du soir. Elle varie donc entre huit et seize heures. Elle est en moyenne plus longue pour les domestiques que pour les journaliers, car les premiers doivent, même en hiver, se lever de bonne heure pour donner les soins aux animaux. C’est surtout aux environs des villes, dans les fermes pratiquant la vente du lait en nature, que la journée est longue.

« Elle est du reste toujours coupée, pour les hommes surtout, par de nombreux repos : d’abord pour prendre les repas ou collations (quatre ou cinq fois par jour), puis de temps en temps, pour boire un coup de cidre ; en été, il y a un long repos d’une heure ou deux pour dormir après le repas de midi (« mérienne » ou « mériennée »). »

Ces détails familiers sont notés à peu près partout. Dans le Midi, et notamment dans le Midi viticole, la durée de la journée de travail est réduite. Il est rare qu’elle excède huit heures, parfois elle ne dépasse pas six heures. Quand le journalier demeure loin de l’exploitation où il travaille, le temps nécessaire pour s’y rendre le matin est compté dans le nombre d’heures prévu. Tous ces faits ne comportent aucun commentaire spécial et ne justifient nullement des récriminations ou des plaintes. Le patron rural travaille d’ordinaire aux côtés de son auxiliaire salarié, qui partage, nous l’avons vu, ses repas et vit de sa vie. Il serait singulièrement dangereux de vouloir régler le travail des champs ; les exigences de l’employeur sont simplement commandées par la nature même des travaux.


Nous venons de passer en revue dans un ordre logique toutes les questions qui se rattachent à la condition du salarié rural. Les faits observés et les transformations économiques notées par les esprits les plus sincères ne nous révèlent