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moyenne étendue ne peut plus être exploitée ici que par des Belges... Si bien qu’on peut dire que les bons ouvriers, ceux qui ont la ferme volonté de travailler, trouvent toujours à le faire et ne sont pour ainsi dire jamais exposés au chômage. » Voilà qui est précis. On remarquera l’allusion faite au travail dans les bois. La forêt ne rend pas seulement mille services, en conservant l’humidité, en régularisant le régime des eaux, en fixant la terre sur les pentes qui se dégradent sans son aide précieuse ; la forêt fournit encore du travail à l’époque où cessent les besognes ordinaires dans les champs.

Le rôle social de l’arbre n’est pas moins intéressant et utile que son rôle agricole et physique. Les preuves abondent qui nous sont fournies par quelques notes des rédacteurs de l’enquête récente. — « Tous les journaliers qui ne trouvent pas à s’employer d’une façon constante dans les fermes travaillent, durant la mauvaise saison, aux exploitations de bois, ou comme carriers. » (Allier.) — « Le chômage de l’ouvrier agricole est inconnu dans les diverses régions agricoles du département de l’Aisne. Ce n’est que tout à fait exceptionnellement, lorsqu’une abondante couche de neige rend tout travail impossible au dehors, que l’ouvrier est contraint au chômage. D’autre part, les forêts assez nombreuses et étendues qui couvrent le département, assurent un travail pendant l’hiver à tous les ouvriers qui ne sont pas employés par la culture proprement dite. » — « Pas de chômage sauf durant les temps de neige. Les ouvriers agricoles, pendant l’hiver, trouvent à exécuter des terrassemens, ou enfin travaillent dans les coupes de bois et en particulier en Sologne. » (Cher.) — (c Dans les régions boisées (Montagne Noire), les ouvriers n’ont pas à souffrir du chômage. En hiver, ils sont occupés à l’exploitation des coupes de bois et ne sont pas toujours assez nombreux. » (Tarn.)

Quand l’organisation du travail rural n’est pas complétée et améliorée par la présence des forêts, certaines industries familiales viennent encore prévenir ou atténuer les souffrances. C’est ce qui se passe dans le Jura et dans le Doubs.


Enfin, il nous reste à parler de la durée du travail. C’est le soleil, le beau et le mauvais temps, la saison et la nature des opérations culturales qui la fixent, car, en dépit de toute doctrine, la nature des choses gouverne souverainement l’industrie