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du milieu économique exerce l’influence que nous avons déjà notée à propos de l’alimentation.

Les faits douloureux signalés avec fracas restent rares ; leur valeur sociale a été exagérée ; ils ne comportent comme conclusion, que la critique de la pauvreté générale et la condamnation de la stérilité relative du territoire agricole.

Qui donc ignore les inconvéniens de l’une et les conséquences fâcheuses de l’autre ? Il faut avoir l’âme d’un doctrinaire bien farouche pour accuser à ce propos l’égoïsme capitaliste ou la rapacité bourgeoise !


Le chômage est encore une des épreuves qui rendraient douloureuse autant que misérable la condition du salarié rural. Le travail lui-même serait impossible et manquerait aux plus courageux. Eh bien ! cette question redoutable ne se pose même pas en ce qui concerne les domestiques, toujours régulièrement payés et nourris. Elle n’offre pas le même caractère de gravité pour les journaliers propriétaires, qui trouvent chez eux l’emploi utile de leurs forces. Ailleurs, le chômage est la conséquence des intempéries et non pas de l’organisation sociale. C’est ce que l’on observe dans les régions montagneuses. D’ailleurs, là où le cultivateur a besoin de ses auxiliaires salariés, il s’efforce de leur assurer un travail régulier, même en hiver, pour conserver la main-d’œuvre indispensable durant la période des grands travaux. Souvent les ouvriers sont occupés en dehors des champs au moment où la culture ne réclame pas leurs bras. Ainsi, dans la monographie relative aux Deux-Sèvres, nous trouvons cette note caractéristique : « En ce qui concerne les ouvriers agricoles proprement dits, le chômage n’existe pour ainsi dire pas ; pendant les deux ou trois mois d’hiver, durant lesquels ils ne sont pas occupés dans les champs, ils trouvent des occupations diverses, le plus souvent à la tâche, sur les chemins pour les communes, en coupant les haies, en arrachant des arbres, etc. » « Dans les Ardennes, dit le professeur d’agriculture, la période de chômage comprend les mois de décembre, janvier, février ; mais elle n’est cependant pas de trois mois, car cette saison est en partie utilisée pour les battages. Les ouvriers profitent de cette période pour faire leur bois, couper leurs osiers. Si l’ouvrier voulait bien, il trouverait de la besogne tout l’hiver au bois. A l’heure actuelle, une coupe de bois de grande ou