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greniers, ne pouvant trouver un abri chaud qu’à l’auberge voisine... »

Ces plaintes sont en partie fondées, mais les commentaires utiles expliquent cette situation, qui d’ailleurs s’améliore de jour en jour.

Ainsi dans la Thiérache, les domestiques sont logés, il est vrai, à l’écurie et à l’étable, « mais leurs lits sont bien condition- nés, » et, comme ils doivent eux-mêmes s’occuper de leur literie, ils peuvent, s’ils le veulent, la tenir proprement ! Il est aisé, enfin, de citer des exemples qui prouvent que le logement assuré aux domestiques n’est point aussi malsain qu’on le prétend, u Dans la Champagne agricole, dit le rapporteur, les domestiques et les servantes sont très bien nourris, et le couchage ne laisse rien à désirer. »

Combien est grande la différence entre le sombre tableau tracé par les partisans des doctrines de bouleversement ou de haine, et la description suivante que fait l’auteur d’une note relative à la Meuse :

« Les domestiques sont généralement traités comme s’ils faisaient partie de la famille ; ils participent à toutes les réjouissances et sont plutôt considérés comme des collaborateurs. D’ailleurs, dans nombre de cas, il serait bien téméraire de chercher quel est le plus heureux, ou du domestique, qui peut faire des économies sur son salaire, ou du petit cultivateur, qui, péniblement, réussit à « mettre les deux bouts ensemble. »

« Sauf dans la Woëvre, où la plupart couchent dans une alcôve située dans l’écurie même, les commis de culture sont logés dans une chambre propre avec un lit confortable. Il n’y a d’exception à cette règle que pour ceux d’entre eux qui sont préposés à la surveillance des animaux ou lorsque l’exiguïté du logement ne permet pas de faire ainsi.

« En résumé, les domestiques ne sont généralement pas considérés comme appartenant à une classe inférieure, et leur situation sociale diffère peu de celle du petit cultivateur. »

Partout, les servantes de ferme sont mieux traitées que les hommes et sont logées dans la maison du maître. Ce dernier ne jouit pas, le plus souvent, d’un bien-être supérieur à celui que ses employés jugent insuffisant, et, à ce point de vue, la pauvreté