Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/644

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’ailleurs, presque partout, la nourriture est abondante et de bonne qualité.

Dans une région montagneuse et relativement pauvre, le Cantal, voici ce que l’enquête a relevé au sujet de l’alimentation :

« Les conditions d’existence des salariés sont en général les mêmes que celles du fermier et du propriétaire exploitant ; ils vivent comme lui, et la nourriture est presque toujours saine, substantielle et abondante. Ordinairement, à chaque repas, le menu se compose de soupe, d’un plat de viande ou de légumes et de fromage. Pendant les grands travaux, on donne de la viande tous les jours... »

Ailleurs, lorsque la terre refuse de porter les récoltes abondantes qui donnent la richesse, le sort du salarié devient douloureux.

u Les salariés agricoles ne vivent pas ; ils végètent. » Voilà ce que dit l’auteur de la monographie relative à la Lozère ; mais il ajoute aussitôt : « Les salariés partagent la table du maître. » C’est donc bien l’insuffisance de la production et non pas la « rapacité patronale » qui abaisse la condition du salarié. A cet égard, la vérité économique a été marquée d’un trait précis par l’auteur de l’étude relative à la Garonne : « Il est à remarquer, dit-il, que les salaires sont sensiblement plus élevés dans la région de culture intensive que dans le reste du département. L’exploitation raisonnée, méthodique du sol, donnant lieu à une augmentation de produits, permet de mieux rétribuer la main-d’œuvre. Le relèvement du salaire est ainsi intimement lié au développement de l’instruction technique des employeurs. »

Rien de plus juste. Il faudrait simplement compléter cette observation en ajoutant que l’abondance des capitaux de culture joue le même rôle, et que leur insuffisance encore trop générale s’oppose aux progrès de la richesse, progrès si intimement liés dans nos campagnes au relèvement de la condition du salarié.


On a signalé dernièrement les inconvéniens ou les dangers que présentent les logemens réservés aux domestiques de ferme. « Non seulement, a-t-on dit, les salariés de la ferme n’ont pas d’intérieur, de chez-eux, mais ils sont couchés dans des écuries, dans des étables, dans des granges, dans des fournils, dans des