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marquent la situation du même trait. Nous citons au hasard :

« Les domestiques et servantes se trouvent en général dans d’excellentes conditions d’alimentation. Ils sont considérés comme membres de la famille par les agriculteurs travaillant eux-mêmes leurs biens ou par les métayers. Il est très rare qu’un domestique se plaigne à ce point de vue de ses maîtres. » (Tarn.) « Les domestiques et servantes mangent à la même table et ont la même nourriture que leurs patrons. » (Hautes-Alpes.) « Les domestiques et servantes sont toujours nourris, couchés et blanchis. D’une manière générale, la nourriture des domestiques est la même que celle du propriétaire ou du fermier de l’exploitation. » (Finistère.) « Sauf dans les châteaux et chez quelques familles où les propriétaires se tiennent à l’écart de leur personnel, les domestiques sont, à peu près partout, nourris à la table des maîtres. Ils sont servis dans les mêmes conditions. » (Hautes-Pyrénées.) « Dans toutes les exploitations de moyenne et de petite culture, le personnel fixe est nourri à la table du maître. Il n’y a d’exceptions que pour les grandes exploitations où le personnel nombreux est nourri à part. Dans tous les cas, la nourriture des salariés agricoles (domestiques à gages ou journaliers) comporte de la viande au moins six jours par semaine ; il en est servi une ou deux fois par jour, suivant les exigences des travaux de la saison et la durée de la journée de travail. Les légumes variés sont en abondance... » (Aube.)

Cette dernière citation vise la qualité de la nourriture en même temps que le caractère tout patriarcal des relations entre employés et employeurs.

Ce qu’il faut noter précisément, c’est ce dernier trait. Patron et salarié partagent la bonne et la mauvaise fortune qui résulte des conditions générales de la production et du développement de la richesse. Ainsi l’auteur de la monographie de la Corrèze déclare très clairement : « En général, les rapports entre maîtres et domestiques sont excellens. Presque toujours, ces derniers sont traités comme les membres de la famille. Les repas se prennent en commun, et le menu reste le même pour tous. Ce menu, sauf pendant la période des grands travaux, laisse fort à désirer, mais les salariés, n’étant pas plus mal partagés à ce point de vue que la grande majorité de ceux qui les emploient, supportent sans trop de récriminations ces conditions d’existence un peu dures. »