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voyage d’Italie, resta cinq ans à Rome, rentra en 1629 à Bruges, où il mourut, en 1671, n’ayant pas chômé un instant. Partout on rencontre ses grandes toiles décoratives, fortement colorées, d’ordonnance peu originale, souvent d’excellente pratique. À Notre-Dame, deux tableaux de maturité le disent fidèle à ses admirations italiennes : une excellente Vocation de saint Mathieu (1640), d’allure caravagesque avec une élégante figure de jeune spadassin en clair pourpoint au premier plan et quelques gracieux portraits féminins, et une très harmonieuse Adoration de la Vierge (1648) disposée en sainte conversation vénitienne, avec des opulences colorées et dorées prises à Véronèse. Nombreuses d’autre part sont les toiles où van Oost se borne à copier ou à interpréter Rubens (Saint François recevant les stigmates à Saint-Gilles ; Têtes de saint Jean et de saint Paul au maître-autel de Saint-Sauveur ; Vierge allaitant au musée des Hospices, etc.), ou à imiter van Dyck (Miracle de saint Antoine, Jésus montrant les Instrumens de la Passion à Saint-Sauveur ; Christ en Croix au couvent des Sœurs noires, etc.). Livré à ses propres inspirations, il perd toute fermeté de style et tombe dans le pire pathos comme avec son Christ triomphant de la Mort et de l’Enfer de Saint-Sauveur. Le charmant tableau du Béguinage : Sainte Elisabeth au pied du Crucifix, est de la fin de sa carrière ; il y revient à ses amours vénitiennes, silhouette des personnages véronésiens dans le fond et replace au premier plan, mais debout, le jeune homme en pourpoint de la Vocation de saint Mathieu.

Bruges regorge de portraits de van Oost, personnages moroses vêtus de noir (les meilleurs sont au musée communal et au musée des Hospices) et la liste est d’autant plus longue qu’elle s’augmente sans doute d’œuvres de van Oost le Jeune, passées au compte paternel. Jacques van Oost II (1639-1713) vécut plusieurs années à Rome et séjourna pendant quarante ans à Lille ; compositeur baroque (sa Sainte Marthe de Notre-Dame nous fixe à cet égard), il fut portraitiste de talent, non sans affinité avec van Dyck.

Bruges a gardé du XVIIe siècle quantité de grandes toiles ronflantes, peintes par les satellites de Rubens : Crayer, G. Seghers, van Hoeck, Erasme Quellyn, les frères Herregouts (l’un des deux mourut à Bruges), Liemakere, Backereel. La charmante Assomption de Boyermans (1676, église du Béguinage) séduit