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de la Duchesse d’Angoulême et d’un polisson de la Duchesse de Berry, trouvés aux Tuileries. Voilà les beaux ouvrages du jour, voilà les progrès que la civilisation a faits depuis la glorieuse Révolution des 27, 28 et 29 juillet. Les spectacles aussi deviennent insupportables ; on y chante des hymnes nationaux pendant lesquels on force le public à s’agenouiller devant le drapeau tricolore.


Dieppe, 28 août. — Décidément, nous quittons Dieppe lundi prochain. M’"° de Karolyi nous précède d’un jour ; elle part demain, elle dînera chez nous mardi à l’hôtel d’Eckmühl où nous arriverons à six heures, tout juste pour le dîner, car de Rouen à Paris il y a seize postes à faire ; il nous faudra donc partir du grand hôtel de Rouen à six heures du matin pour arriver à Paris à six heures du soir.

A propos de l’acte de violence, commis par le Duc d’Angoulême contre Marmont, on raconte que le Roi, instruit de l’affaire et voulant rapprocher les parties brouillées, pria le maréchal d’aller faire des excuses au Dauphin. Marmont ayant refusé, le Roi lui dit en l’embrassant :

— Cher duc, c’est le dernier acte de dévouement et d’obéissance que vous accomplirez pour votre roi Charles X.

Marmont ne put résister davantage et alla faire acte de présence chez le Dauphin ; celui-ci vint à sa rencontre et lui dit en dandinant :

— J’ai été un peu vif avec vous, cher Maréchal, vous me le pardonnerez, n’est-ce pas ? Voyez-vous, je me suis fait bien du mal en voulant casser votre épée ; je suis donc assez puni de mon emportement ; il faut avouer que votre épée coupe bien.

Les cinquante sans-culottes qui sont allés chercher le nouveau Roi dans son château de Neuilly sont encore dans son antichambre au Palais-Royal ; il n’y a pas moyen de les en faire sortir, tant ils s’y trouvent bien. Cependant, ce régiment de la Charte, voilà le nom qu’ils ont pris, était si peu vêtu, que c’était indécent, surtout pour les princesses qui devaient tous les jours passer devant eux. Le roi Philippe prit donc la liberté de leur faire faire des uniformes bleus.

Mme Merlin, femme du général de ce nom, qui, par sa position, se trouve dans le cercle le plus libéral de Paris et est l’amie intime, comme elle me disait elle-même, de tous les mauvais